... c'est le moment que choisit le Gouvernement pour faire entrer en apprentissage les enfants de quatorze ans.
Toutes les personnes compétentes et responsables, y compris des patrons, s'accordent à dire que les conditions ne sont pas créées à cet âge pour travailler. Des enseignants, des chercheurs, des élus réfléchissent à cette question et font des propositions. Il faut les entendre.
Le Premier ministre a dit qu'il fallait mettre en place des sanctions parentales, comme si les parents ne voulaient pas de tout leur coeur, de toutes leurs forces la réussite de leurs enfants ! Si, parfois, ils n'en comprennent pas toute l'importance, c'est qu'eux-mêmes sont en difficulté ; il faut les aider, les associer.
Monsieur le ministre, ce qui sera déterminant, ce sont les moyens que le Gouvernement donnera aux enseignants pour permettre aux enfants de réussir dès leur plus jeune âge.
J'ai regardé avec beaucoup d'attention l'émission à laquelle vous avez participé, avec, entre autres, une directrice d'école remarquable du quartier des Grésillons à Gennevilliers. À la question : « Que proposeriez-vous pour améliorer la situation ? », elle a répondu : « Du temps. » Et elle a ajouté : « Tous les enfants de ma classe sont en état de réussir, mais pas tous au même rythme. »
Voilà le fond du problème.
Quand M. le Premier ministre et vous-même proposez un accompagnement personnalisé en CE1 pour l'apprentissage de la lecture et de l'écriture, alors que 10 % des élèves en France, et 30 % dans les ZEP, entrent chaque année en sixième sans maîtriser ces exercices, monsieur le ministre, je vous le dis tout net et avec beaucoup de franchise : c'est trop tard ! C'est à l'école maternelle, et, surtout en dernière année, qu'il faut diminuer les effectifs, c'est au cours préparatoire qu'il faut créer les conditions pour que tous les enfants sachent lire et écrire avant la fin de l'année.
Des enseignants ont expérimenté un nouveau système : quatre enseignants, travaillant en équipe, assument la responsabilité de trois classes en commençant par prendre immédiatement en charge les enfants en difficulté dans des groupes de trois, quatre ou cinq élèves.
Voilà ce qui est déterminant, monsieur le ministre, voilà ce à quoi il convient de se résoudre pour venir à bout des difficultés ; il faut des moyens supplémentaires ! Il est préférable d'utiliser les crédits en ce sens, plutôt que de les affecter à la création de classes relais réunissant cinq ou six élèves âgés de quatorze ans, car ils sont déjà en échec, ou à la création de « classes prisons », comme cela a été le cas.
Qui n'a jamais dit combien il est encourageant, pour des enfants, de réussir dès la première année ? Cela contribue à éveiller leur curiosité, cela leur donne confiance. C'est ainsi que l'on commencera à mettre en oeuvre le principe d'égalité des chances !
Naturellement, ce dispositif implique aussi la mise en place d'un système de détection des difficultés particulières des élèves, et ce de la maternelle à la fin du collège. Je ne parle pas des RASED, qui doivent suivre 5 000 à 6 000 élèves !
Monsieur le ministre, malgré vos affirmations, les objectifs relatifs à la réussite scolaire que vous fixez ne pourront être atteints sans de nouveaux moyens.