Intervention de Jacques Peyrat

Réunion du 6 décembre 2004 à 15h00
Loi de finances pour 2005 — Défense

Photo de Jacques PeyratJacques Peyrat :

...la loi de programmation. Bravo, madame la ministre ! C'est bien, et nous sommes satisfaits : vous nous présentez un bon budget.

Vous avez notamment respecté les normes de l'entraînement, aussi bien pour les forces terrestres que pour les pilotes d'avions de combat ou de transport et pour la marine nationale. Il n'est pas de bonne armée s'il n'y a pas de bons moyens matériels, de bons personnels, de bons moyens d'entraînement, de bons chefs, de bons parlements et de bons ministres.

Oui, nous sommes satisfaits, et je tenais à vous le dire d'autant qu'il nous a semblé que dans un budget contraint, souffrant peut-être d'une certaine concurrence avec d'autres ministères, vous avez su tenir le cap, ce qui, pour les forces, qu'elles soient terrestres, maritimes ou aériennes, est une nécessité absolue.

Ayant dit cela, et comme il ne faut pas toujours trouver tout beau, je vais vous maintenant vous faire part d'une préoccupation. Vous y avez d'ailleurs en partie répondu, en vous adressant à notre éminent collègue François Trucy : il se murmure qu'il y aurait un « fléchissement » des effectifs - le mot a souvent été utilisé -, ce qui serait nocif, notamment pour l'armée de terre.

On a parlé de 10 000 hommes. Je m'en suis ouvert aux éminentes personnalités qui vous assistent au banc du Gouvernement, madame la ministre, mais tous m'ont affirmé en riant que ce n'était pas vrai, que si la préoccupation en question était effective dans l'armée de terre, elle n'était pas fondée. On m'a ainsi dit que vous seriez intervenue il y a quelque temps pour ramener chacun à la raison et que, grâce à un système de repyramidage, les pendules seraient remises à l'heure.

Il s'agirait ainsi de remplacer un sous-officier supérieur - sergent-chef, adjudant ou adjudant chef - par deux sous-officiers de moindre qualité, avec une solde moindre mais que deux hommes toucheraient. Ce serait, à mon avis, une mauvaise chose.

Vous savez, au poste que vous occupez, entourée de tous les conseillers talentueux qui vous assistent, qu'il n'est de bonne armée que servie par des officiers de qualité et bien formés : Saint-Cyr pour l'armée de terre, l'Ecole navale pour la marine, l'Ecole de l'air pour l'aviation, Melun pour la gendarmerie.

Mais il n'est surtout de bonne armée qu'avec un bon corps de sous-officiers, ceux que d'aucuns ont appelé les « maréchaux », surtout dans les formes modernes de la guerre. Et si nos troupes ont été valeureuses et d'une discipline remarquable, faisant preuve d'un sens de l'ordre cohérent et d'un sang-froid extraordinaire au Kosovo, en Bosnie, en Afghanistan et en Côte d'Ivoire, quels que soient les circonstances, les climats, les formes de guerres ou d'opposition rencontrées, sachant résister imperturbablement, c'est certainement dû, pour une large part, au corps des sous-officiers.

Si l'on minorait à l'excès ce corps, je craindrais pour l'efficacité de nos armes. Je le dis comme je le pense pour avoir bien connu les sous-officiers, pour avoir combattu avec eux et avoir eu l'honneur, quelquefois, de les commander.

Je ne sais pas si ceux qui font état de ces craintes sont ce que l'on appelle chez moi des marida lengua, c'est-à-dire des mauvaises langues. Mais, si tel est le cas, madame la ministre, vous me direz dans votre réponse ce qui les fera taire, et je serai alors rassuré.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion