Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’examen des crédits de la mission « Défense » pour 2012 s’inscrit cette année dans un contexte des plus particuliers, et pas seulement parce que la majorité sénatoriale a changé…
Depuis 2008, notre pays est touché par l’une des crises économiques et financières les plus graves que nous ayons connues. En 2011, s’ajoute la crise de la dette, dont personne ne sait quand elle finira.
Que cela nous plaise ou non, nous touchons à la fin de l’ère où les États dépensaient sans compter, sans justifier leurs choix, quitte à hypothéquer l’avenir des générations futures.
Parallèlement, les bouleversements géopolitiques s’accélèrent et les menaces, qu’elles soient étatiques ou non, se multiplient. Aujourd’hui, les guerres sont asymétriques. Alors, mes chers collègues, permettez-moi de rester perplexe quand j’entends dire, comme on l’a fait cet été à La Rochelle, par exemple, que « le terrorisme n’est pas une menace militaire et qu’il ne peut être assimilé aux menaces d’invasion ou d’agression du passé ».
Reconnaître que, de la situation à Islamabad, à Kaboul, à Pyongyang ou à Téhéran dépend la sécurité des Français tant sur le sol national qu’à l’étranger, c’est voir le monde tel qu’il est. Ce sont précisément les orientations que le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationalea mises en avant. Les enlèvements, les assassinats de nos concitoyens hors de nos frontières, et tout récemment encore, en sont, hélas ! de tragiques illustrations.
Même si le Livre blanc de 2008 a accordé une place trop importante, paraît-il, au terrorisme, il aura eu le mérite d’être élaboré en association avec les parlementaires des commissions des deux assemblées ; raison pour laquelle, sans doute, Mme Valter, secrétaire nationale à la défense rue de Solferino, l’a jugé « conservateur »...
Assurer la sécurité des Français et celle de nos intérêts vitaux, tel est le rôle de la défense. Mais la défense est aussi le bras armé de notre diplomatie : dans ce domaine, l’année 2011 marquera un tournant pour nos armées. Jamais la France n’a été présente sur autant de théâtres d’opérations. Que ce soit au Liban, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, en Libye, mais aussi aux confins de nos territoires d’outre-mer, les soldats français font l’honneur de notre pays. Leur courage, leur professionnalisme et leur dévouement sont à la hauteur des valeurs, des idéaux défendus par la France sur la scène internationale et du combat qu’elle mène pour la paix.
Alors, au moment où certains considèrent que les défilés militaires sont des réminiscences d’« une autre période » ou d’« une France guerrière », en tant qu’élu de la représentation nationale, je tiens à rendre un hommage solennel à tous ces hommes et à toutes ces femmes qui font la défense française. Nous sommes fiers d’eux, et pas seulement le 14 juillet ! Cela dit, n’en déplaise à certains, le défilé du 14 juillet demeure un rendez-vous incontournable des Français avec leur histoire et avec leurs soldats, pour qui, depuis Valmy, la patrie a encore un sens.
L’année 2011 et les crises qui l’auront ponctuée nous imposent d’être responsables et raisonnables, au sens propre du terme : c’est notre devoir d’élus.
Assumer ses responsabilités dans le domaine de la défense, c’est répondre à un triple défi : être visionnaire et établir des priorités stratégiques entre les missions, sans pour autant sacrifier tel ou tel programme ; éviter, malgré les difficultés budgétaires, que l’outil de défense ne soit, comme ce fut malheureusement le cas par le passé, une variable d’ajustement des finances publiques ; enfin, assurer à nos soldats les moyens de leurs missions, depuis la préparation sur le terrain et jusqu’à la reconnaissance de la Nation.
Je ne reviendrai pas sur le détail des chiffres : les différents rapporteurs se sont exprimés largement sur chacun des programmes de la mission « Défense », et avec beaucoup de pertinence, au point que leur expertise fait, paraît-il, pâlir les bureaux et les techniciens aguerris du ministère.
Mais la discussion budgétaire sur les crédits de la défense doit, selon moi, prendre aussi en compte la réalité et les évolutions des dispositifs de défense à l’étranger, sur tous les territoires.
Avant tout, n’oublions pas que le ministère de la défense a déjà entrepris, et à plusieurs reprises, une politique de réforme. Ces restructurations ont créé un cercle économiquement vertueux puisque les économies réalisées ont été directement réinvesties au bénéfice des armées.