Dans un deuxième temps, je souhaite attirer votre attention sur un point essentiel. En période de crise, il est « moralement correct » de dire que les dépenses de défense sont immorales. Qui d’entre nous n’a pas été interpellé par les associations antimilitaristes, rouges ou vertes, qui nous accusent d’être inféodés aux marchands de canons ? §
Or la défense, c’est une économie, un savoir-faire, une garantie de souveraineté et d’indépendance. Le secteur de la défense et les industries qui le composent sont des leviers fondamentaux pour la société civile et pour notre économie. La défense, en France, ce sont aussi des filières d’étude et d’apprentissage d’excellence. Ce sont des ingénieurs, mais aussi des artisans chevronnés, dont le savoir-faire est précieux.
Justement, au moment où les taux de chômage en Europe progressent de façon vertigineuse, il faut rappeler que la défense représente en France 165 000 emplois directs et autant d’emplois indirects, que près de 4 000 PME vivent de la sous-traitance des grands groupes, que les investissements en recherche et développement de ces groupes industriels constituent le meilleur rempart contre un décrochage technologique et capacitaire. Plus que jamais, il nous faut préserver les domaines de haute technologie, tels que l’aéronautique et le spatial !
À l’heure où les dépenses militaires chinoises devraient atteindre 91, 5 milliards de dollars, soit un budget en hausse de 13 % par rapport à 2010, il est primordial que la France et ses partenaires européens ne sacrifient pas ce qu’il reste de la défense européenne.
Je sais que, sur ces travées, nombre d’entre vous évoquent l’Arlésienne lorsqu’il est question de défense européenne ou de base industrielle technologique de défense européenne. Il est vrai que, en 2010, nos voisins européens ont procédé à de sévères coupes dans leur budget militaire. Toutefois, aux eurosceptiques qui pensent que la crise leur donnera raison on peut répondre que cette même crise oblige les États à mutualiser les efforts afin de mieux répartir les coûts.