Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, c'est la première fois que je suis rapporteur pour avis du budget de l'agriculture ; je constate la grande continuité des choix budgétaires du Gouvernement au cours de ces dernières années.
Tout d'abord, les crédits de la mission « Agriculture, pêche, alimentation, forêt et affaires rurales » sont globalement préservés pour 2012, ce dont nous pouvons nous réjouir en ces temps de disette budgétaire.
Ces crédits, qui s'élèvent à un peu plus de 3, 5 milliards d'euros, sont loin de représenter l'essentiel des soutiens publics à l'agriculture. Il existe en effet près de 2 milliards d'euros d'allégements fiscaux complétant les aides au secteur agricole. Je me réjouis au passage, avec mes collègues de la commission des finances, que ces niches fiscales aient été jugées plutôt positivement par le « rapport Guillaume » du mois de juin dernier.
Il faut en avoir conscience, l'Europe reste le principal contributeur des politiques agricoles, la PAC représentant près de 9, 5 milliards d'euros par an pour la France : 8, 7 milliards d'euros sur le premier pilier et 750 millions d'euros sur le second, qui est consacré au développement agricole et rural.
Enfin, les collectivités territoriales apportent leur contribution, à hauteur de 1 milliard d'euros environ.
Dans le délai très court qui m'est imparti, je voudrais aborder deux sujets devant vous : la question des charges, en lien avec la situation de la filière fruits et légumes, et le problème de la ressource en eau.
Premier sujet, la baisse des charges. À cet égard, mon point de vue sera plus positif que celui de Mme Nicoux. Face à la baisse tendancielle des parts de marché de la France en fruits et en légumes, tant sur le territoire national qu'à l'export, il fallait réagir. La baisse de charges de un euro sur les salariés permanents va donner une bouffée d'air à ce secteur, qui en avait bien besoin.
L'année 2011 a été marquée par une crise majeure sur le concombre et la tomate, résultant de l'épidémie d'escherichia coli du mois de mai dernier, et sur la pêche nectarine. Un plan de sortie de crise a été présenté au mois de septembre par le ministre, combinant mesures conjoncturelles et structurelles, pour un montant de 25 millions d'euros.
Saluons cette initiative, mais il fallait aller plus loin, en proposant une amélioration durable de la compétitivité de l'ensemble de la filière, qui est soumise à très forte concurrence. C'est ce qu'ont fait nos collègues députés Jean Dionis du Séjour et Charles de Courson, en proposant à l'Assemblée nationale un amendement tendant à alléger les charges patronales, dans la limite de vingt salariés par exploitation.
Un débat plus large doit maintenant être engagé sur les moyens de faire peser sur une autre assiette que la production nationale le financement de notre protection sociale. La TVA sociale est réclamée par le monde agricole. Il s'agirait de changer radicalement de logique et de faire contribuer nos fournisseurs internationaux, dont nous consommons des produits non grevés par les charges sociales, à l'inverse de ceux qui sont fournis par nos agriculteurs. Cette piste mérite d'être étudiée avec sérieux et débattue, et pas d'être balayée d'un revers de main.