J’apprécie que le débat ne soit pas corporatiste et que nous puissions nous retrouver sur un certain nombre de points.
L’objectif est de trouver une solution afin que chacun soit en mesure, en cas de besoin, de rencontrer une personne compétente susceptible de s’occuper de lui, de le traiter en tant que sujet.
Certes, nous pouvons tenir un discours passéiste lié à nos pratiques professionnelles qui consistaient à faire une vingtaine de visites par jour et à travailler jusqu’au samedi soir. Mais les temps ont complètement changé et il nous faut savoir l’accepter.
Là encore, il ne s’agit pas de stigmatiser qui que soit. La féminisation de la profession permet une autre forme de rapports avec le malade et modifie profondément la pratique de la médecine.
La formation donne lieu à des investissements lourds. Mais on voit un certain nombre de praticiens cesser d’exercer à l’arrivée de la quarantaine pour se tourner vers d’autres activités professionnelles ou vers des tâches de nature plutôt administrative.
Toutes ces évolutions sociologiques nous obligent à nous adapter et à faire preuve d’imagination.
Notre rôle est de faciliter la vie des généralistes, afin de leur permettre de se recentrer sur ce qui constitue véritablement leur fonction. Voilà ce qu’ils apprécieraient particulièrement.
Par exemple, pour ce qui concerne la coordination en matière de maintien à domicile, il est possible de développer une véritable technologie, en s’appuyant, notamment, sur le secteur associatif, les collectivités et les ARS, ce qui permettrait de soulager les praticiens.
En menant une vraie politique dans ce domaine, on peut réussir, selon moi, à rendre la profession attractive, et pas seulement pour les médecins roumains ! Expérimentons, observons, mettons en place une meilleure coordination et rêvons d’un secteur aux pratiques différentes, en créant, notamment, une interface entre le médico-social et le sanitaire.
Il importe également, selon moi, de s’intéresser à la formation des médecins, pour transformer la culture médicale. Notre société, en effet, permet désormais de passer directement de l’écoute du patient à l’acte. On ne touche plus, on n’a plus le temps, on passe directement du symptôme à l’imagerie cérébrale. Une véritable refonte culturelle est nécessaire, notamment pour les jeunes médecins, qui doivent réapprendre la pratique centrée sur le sujet. Ne l’oublions pas, les sciences humaines attirent fortement tous ceux qui s’intéressent aux autres, à l’humain ou, tout simplement, aux citoyens qui les entourent.