… supprimé par la commission des lois. Cet article prévoit de réduire considérablement les financements croisés entre collectivités dans le domaine du fonctionnement et de leur soutien à des projets qu’elles subventionnent. Comme si l’on pouvait assurer l’effectivité des compétences partagées sans financements croisés !
Personne n’ignore, et le Gouvernement moins que quiconque, que les projets culturels sont en majorité financés à la fois par les régions, départements et communes. Au lieu de simplifier le millefeuille institutionnel, vous en rajoutez dans la confusion et la cacophonie.
Vous comprendrez qu’à moins d’accepter d’être trompé, je manque pour le moins d’enthousiasme et n’encense pas le résultat du débat qui est mineur pour la culture, le sport et le tourisme dans un projet de loi aux conséquences par contre majeures et dramatiques, précisément pour la culture, le sport et le tourisme.
Je m’adresse aux citoyens qui font des spectacles et à ceux qui les rencontrent, aux élus concernés par ces aspects fondamentaux de leur charge, et je ne peux que les appeler tous à défendre ensemble, aujourd’hui, une compétence culturelle et sportive digne de ce nom.
En 1946, le metteur en scène Frank Capra tourna la Vie est belle, l’histoire d’un citoyen, George, généreux et consacrant beaucoup de temps aux autres, mais qu’un banquier traite de telle manière que sa petite entreprise fait faillite. Désespéré, il veut se suicider. Son meilleur ami l’arrache à cet acte et ils discutent profondément. Pour convaincre George de son utilité humaine, l’ami projette un petit film sur ce que serait la vie de la cité où habite George si celui-ci n’avait pas été là. La cité a alors une tout autre histoire, pas belle, triste. Et Frank Capra de conclure : « Étrange, n’est-ce pas ? La vie de chacun interfère avec tant d’autres que, s’il n’est pas là, il laisse un terrible trou. » J’ai envie de dire : en culture, ne laissons aucun trou ! §