Intervention de Jean Desessard

Réunion du 8 novembre 2011 à 21h45
Financement de la sécurité sociale pour 2012 — Articles additionnels après l'article 10 quater

Photo de Jean DesessardJean Desessard :

Depuis que je siège dans cet hémicycle, combien de fois ai-je entendu le Gouvernement citer comme autant de modèles des pays étrangers ! L’Irlande ? c’était formidable ! Les États-Unis ? on frôlait l’extraordinaire ! Le Royaume-Uni ? il n’y avait pas mieux !

Aujourd’hui, le discours a radicalement changé, et il ne reste que des contre-modèles de ce panorama international idyllique : attention ! ne faisons pas comme la Grèce, l’Espagne ou l’Irlande ! Attention ! ne nous endettons pas comme les États-Unis ! Bref, il nous faudrait aujourd’hui nous défier des États modèles que nous étions censés imiter.

Alors on invoque l’Allemagne, et sa compétitivité.

Aujourd’hui, il faudrait, dit-on, être aussi compétitif que l’Allemagne. Mais qu’est-ce que la compétitivité allemande ? Cela consiste pour l’Allemagne à exporter, à vendre davantage à l’ensemble des pays européens. Certes, on peut toujours essayer de faire plus que l’Allemagne. Et hop ! on va trimer plus, et pour moins cher, le tout pour exporter plus ! Mais c’est la balance commerciale des autres pays qui sera alors déficitaire. C’est mathématique !

La question posée n’est donc pas simplement celle de la compétitivité de l’Allemagne, de la France ou de l’Espagne. L’enjeu, c’est la coopération européenne. L’idée est de parvenir à des règles fiscales et sociales qui soient les mêmes pour tous. Il ne s’agit pas de devenir plus compétitif, puisque, si nous le devenons un jour, il faudra venir en aide à d’autres qui, compétitifs, le seront moins. Alors, oui, parlons de la compétitivité, mais sous cet angle-là.

Hier, en commission des affaires sociales, nous avons discuté du temps partiel. Celui-ci est nécessaire, m’a dit une collègue, car les heures de ménage, par exemple, ne peuvent être effectuées que le matin de bonne heure et tard le soir. Et, de ce fait, certaines femmes sont obligées de laisser leurs enfants dès sept heures et n’ont la possibilité ni de les conduire à l’école ni d’aller les chercher à la sortie.

Mais quelle est donc cette société où l’on ne peut plus entendre un aspirateur dans la journée, où l’homme ou la femme de ménage ne sont plus considérés comme des agents de l’entreprise à part entière? Ils doivent venir avant les autres, pour qu’on ne les voie pas, et après les autres, pour qu’on n’entende pas le bruit qu’ils font ! Pourquoi ne pas essayer de trouver des façons de travailler ensemble, dans une communauté d’intérêts ?

Aux yeux des écologistes, il existe d’autres façons de considérer le travail, qui excluent la recherche de la compétitivité à tout prix.

Vouloir travailler toujours plus, ce n’est pas écologique !

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