Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, si je tiens à saluer plusieurs avancées positives du G20, ma lucidité me conduit néanmoins à regretter que ce sommet n’ait donné lieu qu’à un nombre insuffisant de grandes décisions en matière de régulation financière et de taxation des transactions, décisions pourtant si nécessaires et tant attendues par la France comme par ses partenaires, au premier rang desquels figure l’Allemagne.
Au lendemain de ce sommet, nous avons une certitude : la France doit, avec sagesse, lucidité et courage, connaître un sursaut de conscience collective, partagé tant par ses responsables politiques que par nos compatriotes.
Les Trente Glorieuses sont bien loin. Laissant derrière nous les « Trente Gaspilleuses », nous devons amorcer un virage, qu’il nous faudra négocier tous ensemble, en gardant à l’esprit que les choix et méthodes du temps passé sont désormais obsolètes. Cela me semble être une condition préalable, nécessaire et, souhaitons-le, suffisante pour éviter la sortie de route.
J’insiste sur cette nécessaire prise de conscience, car je pense que l’euro joue en France, et certains d’entre nous y contribuent, un rôle d’amortisseur et de paravent. En effet, même si nombre de Français fustigent la « mauvaise » face de la monnaie unique, nous devons convenir que son autre face constitue un bouclier, voire un leurre, qui permet de ne pas ressentir à leur véritable échelle les effets de la crise, et de ne pas subir au quotidien les dévaluations à répétition que nous avons connues dans le passé, et dont les conséquences pour les peuples sont souvent très dures.
La situation est telle que la France a perdu, à l’échelle du monde, une part de sa puissance ; à cet égard, le G20 nous a permis de comprendre l’évolution des relations entre pays développés et pays émergents.
De ce fait, nous avons la responsabilité collective d’engager, sans démagogie, un redressement vigoureux. Cette responsabilité, dans laquelle le Gouvernement, sous l’autorité du Président de la République, a pris une large part, implique d’actionner notre ultime levier, le levier politique, celui qui met en œuvre la force du collectif, du rassemblement et de l’unité.
Il me semble qu’il faut aujourd’hui en appeler à la raison, à la responsabilité et à la cohésion pour que la France « retrousse ses manches » autour d’un gouvernement d’unité nationale qui rassemblerait toutes les forces de la nation, au-delà des clivages politiques.
Dans les périodes les plus difficiles de son histoire, notre pays a toujours su trouver son salut grâce à un sursaut national et à l’intelligence des hommes. Il me semble, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, que notre pays a rendez-vous avec son histoire.
Ce rendez-vous, nous n’avons pas le droit de le rater, car il doit porter l’espoir d’un nouvel avenir : un avenir à inscrire dans toutes les formes de progrès, et à construire dans la solidarité.