Intervention de Yvon Collin

Réunion du 9 novembre 2011 à 15h00
Sommet du g20 — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Yvon CollinYvon Collin :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, endiguer la récession économique, restaurer la confiance, soutenir l’emploi et maintenir la stabilité financière sont des objectifs auxquels nous souscrivons tous. Le sommet du G20 qui s’est déroulé la semaine dernière à Cannes a livré des conclusions allant dans ce sens.

On peut en effet noter quelques avancées, s’agissant notamment de la régulation financière. Oui, il est important d’encadrer les contrats de produits dérivés de gré à gré pour contenir la spéculation ! Oui, il faut entreprendre un processus de contrôle en continu des pratiques de rémunération ! Oui, il est urgent de concrétiser les recommandations sur l’intégrité et l’efficacité des marchés élaborées par l’Organisation internationale des commissions de valeurs ! Oui, le Conseil de stabilité financière doit voir ses capacités d’action renforcées dans la perspective d’une meilleure gouvernance mondiale ! Oui, il faut instaurer une taxe sur les transactions financières !

À ce propos, je suis heureux de voir que ce projet qui me tient à cœur depuis de nombreuses années fait doucement, mais sûrement – espérons-le ! –, son chemin, puisque le communiqué final du G20 évoque désormais cette taxe comme un instrument possible. L’année dernière, lorsque j’ai défendu ici même une proposition de loi sur ce thème, je me suis entendu répondre que la France ne pouvait pas faire cavalier seul. Aujourd’hui, cette cause progresse sur la scène internationale ; j’en suis ravi !

En revanche, je ne suis pas certain que l’amendement du groupe du RDSE adopté hier soir dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2012 poursuive son chemin et prospère. Reste que je me réjouis de son adoption par le Sénat, et je vous en remercie, mes chers collègues. Ce signal fort amplifiera le débat sur la nécessité de créer une taxe anti-spéculative dont le taux est – soyons honnêtes ! – quasi indolore.

Malgré les quelques progrès remarqués dans le cadre du G20, ne nous réjouissons pas trop vite ! L’essentiel relève, comme souvent d’ailleurs, de l’effet d’annonce. À ce stade, nous n’avons pas la certitude que tout sera mis en œuvre pour parvenir à relancer la croissance là où elle fait défaut, en particulier au sein de la zone euro. Car, il faut bien le reconnaître, ce G20 a été largement dominé par la situation économique en Europe et, en particulier, par la question de la dette grecque, brutalement relancée quelques jours auparavant par l’initiative du Premier ministre Papandréou, tout juste démissionnaire.

Doit-on se féliciter du renforcement du rôle systémique du FMI, qui souligne finalement les difficultés du Fonds européen de stabilité financière ? Alors que sa force de frappe a été portée à 1 000 milliards d’euros, le FESF n’a pas pu lever 3 milliards d’euros d’emprunts, la semaine dernière, pour le compte de l’Irlande. On comprend mieux qu’il soit nécessaire d’appeler le FMI à la rescousse. Nous aimerions toutefois obtenir rapidement des précisions chiffrées, monsieur le ministre, sur l’engagement du FMI et sur les modalités techniques de fonctionnement de la structure spéciale qui alimenterait le soutien financier à la zone euro.

Enfin, je souhaiterais évoquer un autre volet fondamental abordé au cours de ce G20, celui de la sécurité alimentaire. En effet, si le sort de la zone euro concerne 332 millions d’habitants, il ne faut pas oublier que 850 millions de personnes sont concernées au quotidien par la faim. Chaque jour, nous enregistrons la venue de plus de 200 000 bouches supplémentaires à nourrir ! Si j’évoque ce problème, ce n’est pas seulement pour susciter la compassion, mais pour rappeler que le défi alimentaire pourrait également se poser, à terme, aux pays développés. La mondialisation est aussi dans notre assiette ! Comme vous le savez, mes chers collègues, en 2050, il faudra nourrir 9 milliards d’individus, contre 7 milliards aujourd’hui, ce qui suppose une augmentation de la production agricole évaluée entre 70 % et 100 %.

Le G20 de Cannes s’est inquiété, à juste titre, de la volatilité des marchés et a entendu renforcer la régulation. On doit en effet y veiller, eu égard aux émeutes de la faim déclenchées en 2008 par une flambée des prix insoutenable. Mais, pour ma part, j’insisterai sur la nécessité d’assurer très vite le développement de la production agricole. Il faudrait dépasser rapidement le stade de la prise de conscience pour mettre en place les instruments les plus pertinents pour relever le défi alimentaire. Pour cela, il faudra faire preuve d’inventivité, car les aspects positifs de modèles tels que celui de la PAC ne sont pas forcément transposables partout dans le monde.

Nous devons penser le développement agricole à partir d’une diversité de modèles. C’est une urgence ! En effet, si la croissance par l’accumulation de biens et de services est importante, la garantie de la survie de milliards d’hommes et de femmes représente un enjeu mondial qui doit nous occuper aussi très largement. Dans ce domaine, le temps presse !

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