Intervention de Yannick Botrel

Réunion du 22 novembre 2011 à 14h30
Loi de finances pour 2012 — Article 14 bis nouveau

Photo de Yannick BotrelYannick Botrel :

Il s’agit de revenir à la rédaction initiale de l’article L. 521-23 du code de l’énergie, qui répartissait la redevance sur les installations hydroélectriques entre l’État, les départements et les communes.

En effet, alors que le produit de cette redevance est en principe partagé par différents niveaux de collectivités et l’État, l’article 14 bis, issu de l’adoption à l’Assemblée nationale d’un amendement de M. Bouvard et de la commission des finances, tend à supprimer la part communale de cette redevance, laquelle serait dorénavant redistribuée uniquement entre l’État et les départements.

Les motifs de cette suppression sont peu convaincants : d’une part, les communes gagneraient au remplacement de la taxe professionnelle par la cotisation foncière des entreprises, la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux ; d’autre part, les départements, alors avantagés, pourraient redistribuer cette ressource supplémentaire aux communes.

Or, nous le savons tous, il est impossible de dire aujourd’hui à un maire que la suppression de la taxe professionnelle présente un avantage certain pour sa commune : aucun élu ne le croirait ! La compensation à l’euro près n’est pas au rendez-vous. Le produit des nouveaux impôts et l’avenir des dotations de compensation restent incertains. Les collectivités pâtissent, aujourd’hui, d’une grande imprévisibilité en matière de ressources.

En outre, la perception d’une redevance dont le produit est dynamique à l’heure du développement des installations hydroélectriques reste une source de financement non négligeable pour les communes concernées.

Enfin, rien ne garantit que le produit de la redevance que touchera le département suite à la modification de la répartition sera réellement redistribué aux communes : aucun critère n’est fixé à cet égard. Certaines communes risquent de perdre une part considérable de leurs revenus, s’élevant parfois jusqu’à 80 % de leurs recettes fiscales. Je pense, notamment, à la commune de Laruns, dans les Pyrénées-Atlantiques.

La suppression de la part communale de la redevance affaiblirait encore les communes concernées, d’autant qu’il s’agit en majorité de communes de montagne qui souffrent déjà de handicaps importants.

Mais l’aspect le plus choquant de cet argumentaire, c’est qu’il cache une partie de la vérité : le dispositif n’a pas pour objet de permettre aux départements de redistribuer un supplément de redevance dont ils bénéficieront – ils percevront dorénavant 40 % du produit, contre un tiers précédemment –, il vise en réalité à augmenter la part de l’État sur le dos des collectivités ! En effet, l’État percevra 60 % du produit de la redevance, au lieu de 50 % auparavant.

Nous ne pouvons accepter cette nouvelle ponction des budgets communaux au profit de l’État. L’amendement que nous présentons vise donc à supprimer l’article 14 bis, afin que les ressources des collectivités ne se trouvent pas injustement diminuées. En l’adoptant, nous reviendrons à la répartition de la redevance sur les installations hydroélectriques que notre assemblée avait inscrite dans la loi de finances pour 2010.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion