Intervention de Philippe Marini

Réunion du 22 novembre 2011 à 14h30
Loi de finances pour 2012 — Article 16 ter nouveau, amendement 105

Photo de Philippe MariniPhilippe Marini, président de la commission des finances :

Je voudrais tout d’abord remercier le Gouvernement de s’être inspiré d’une réflexion et d’une proposition formulées l’an dernier par la commission des finances du Sénat.

En effet, j’avais alors fait valoir, à partir de la situation particulière de certains opérateurs, notamment celle du CNC, que le dispositif d’affectation de recettes avait atteint ses limites : les ressources affectées dépassaient les besoins prévisionnels de l’organisme, une trésorerie importante se trouvait ainsi disponible et, pour masquer le phénomène, le ministère de tutelle affectait à l’opérateur des dépenses qu’il aurait dû assumer directement, via son administration centrale. Il s’agissait donc d’un contournement des règles fixées par la loi organique relative aux lois de finances, qui visaient à encadrer de manière stricte les affectations de recettes.

La proposition que j’avais formulée à l’époque consistait à limiter ces dernières, à fixer un plafond au-delà duquel le rendement de la ressource affectée viendrait alimenter le budget général de l’État, et non plus celui de l’opérateur concerné.

Madame le ministre, cette proposition venait sans doute un peu trop tôt, puisqu’elle avait été considérée par votre prédécesseur comme trop dure. Nous avions d’ailleurs observé, dans cette enceinte en particulier, mais aussi en d’autres lieux, tout un mouvement de protestation très intéressé, orchestré par les professionnels d’un secteur qui sait se faire entendre. S’il en était résulté un dialogue utile entre la commission des finances et ces derniers, la mesure que nous avions préconisée n’avait pas été adoptée.

Or, cette année, vous nous présentez un dispositif général, qui pose des limites claires à l’affectation de ressources parafiscales ou d’ordre parafiscal à des opérateurs de l’État. Je m’en réjouis.

Dans ce contexte, la situation spécifique du Centre national de la cinématographie et de l’image animée, organisme pour lequel j’ai une vive estime et qui fait un excellent travail, sera naturellement prise en considération. En me référant aux réponses au questionnaire du rapporteur général formulées par le CNC, j’ai observé que les remarques de l’an passé demeuraient fondées et que l’écart entre prévisions de recettes et recettes effectivement encaissées avait été, ces dernières années, particulièrement élevé : il était de 13 % en 2009, soit une différence de plus de 71 millions d’euros entre budget prévisionnel et budget exécuté, et de 31 % en 2010, soit une différence de 178 millions d’euros.

De plus, il apparaît que la dynamique des taxes, avec une augmentation de 52 % entre 2006 et 2010 et de 30 % entre 2010 et le budget primitif, a bien donné au CNC la possibilité de constituer d’importantes réserves, lui permettant donc largement de faire face aux nouveaux enjeux, liés notamment au numérique. Il est bien clair que cette fonction essentielle du CNC n’est en aucun cas mise en cause et doit pouvoir être assumée dans la limite de ressources prévue dans le nouveau dispositif.

Il ne nous échappe pas non plus que la trésorerie libre d’emploi de l’établissement atteignait près de 790 millions d’euros fin août 2011, soit 313 jours de fonctionnement, ce qui permet au CNC de constituer des provisions diverses et variées.

Pour 2012, le rendement des cinq taxes affectées au CNC devrait s’élever à environ 700 millions d’euros. Le plafonnement prévu devrait permettre le reversement au budget général de quelque 70 millions d’euros. Madame le ministre, ce dispositif, ainsi que celui qui concerne les autres opérateurs de l’État, est raisonnable ; il tient compte, avec un an de décalage, des propositions formulées par la commission des finances du Sénat. Par conséquent, l’amendement n° I-105, tendant à la suppression de l’article, doit être rejeté.

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