Veuillez m'excuser de répondre de façon désordonnée aux interventions de MM. Bodin, Martin et de Mme Blondin. Un graphique, qui figure dans le résumé du rapport, m'empêche de dormir : celui-ci montre le décrochage scolaire des enfants d'ouvriers, d'agriculteurs et d'inactifs entre 1987 et 2007. Que l'école de la République ne corrige pas les inégalités, mais les accentue est inacceptable !
Oui, il faut totalement transformer le rôle des inspecteurs.
« Il est plus difficile de vaincre un préjugé que de briser un atome », disait Albert Einstein. Le grand préjugé est une attitude fataliste face à l'échec scolaire dans notre pays qui touche pourtant des enfants dans toutes nos familles. Moi-même, j'ai dû m'y reprendre trois années de suite pour obtenir mon baccalauréat... Or, d'après les travaux de M. Zorman, il est possible de réduire le taux d'échec scolaire de 15 à 5 %. Pour ces 5 %, soit quelque 40 000 élèves, il faudra chercher d'autres moyens.
Certes, chacun doit jouer son rôle au sein de l'école. Mais la première étape est de répondre à l'angoisse des enseignants confrontés à l'échec scolaire en leur donnant les outils adaptés. Si j'étais ministre de l'éducation, pardonnez-moi de cette prétention invraisemblable, je commencerais, non par briser l'éducation nationale comme au Canada, mais par accompagner les enseignants dans la lutte contre l'échec scolaire.
Soit, monsieur Bodin, la langue française a une orthographe plus complexe que le finnois. Pour autant, les comparaisons internationales ont du sens : depuis vingt ans, la position de la France au sein de ces classements n'a cessé de se dégrader.
Les problèmes du zonage, d'un lieu pour les enseignants au sein de l'école sont importants, mais la question centrale est celle de la lutte contre l'échec scolaire. Le directeur d'une école élémentaire devrait avoir pour seule obsession son taux d'échec scolaire, comme le taux de récidive hante le directeur de prison. Or j'ai constaté, en participant à des conseils de classe, qu'on y parlait longuement des bons élèves pour balayer le sort des autres d'un « celui-là, il faut s'en occuper ». Il ne s'agit pas de dicter aux enseignants ce qu'ils doivent faire, mais de leur dire que nous allons les aider.
L'articulation avec le collège est également une question essentielle. Mais, rendez-vous compte, j'ai rencontré des élèves en quatrième année à Sciences-po qui ne savaient pas prendre de notes. Pourtant, cela s'apprend ! Il existe aujourd'hui des techniques, mises au point en laboratoire, pour remédier à l'échec scolaire. Diffusons-les ! Si l'expérimentation à grande échelle que va mener l'institut Montaigne - soit, 500 écoles environ sur 50 000 -, donne des fruits, je suis convaincu qu'elle aura un effet d'entraînement au niveau national.