a déclaré que, il y a un an, au début de l'actuelle crise financière et économique, le commerce international s'est effondré sous le double effet de la chute de la demande et de l'assèchement des opérations de crédit. Les craintes d'un retour à des politiques protectionnistes étaient alors majeures, notamment dans les pays en développement. Or, il apparaît aujourd'hui que le système multilatéral a résisté à ce choc violent et que, globalement, l'économie mondiale est, dans l'ensemble, à présent aussi ouverte qu'au début de la crise. Toutefois, ses effets continuant de se faire sentir, en particulier sur le marché du travail, il convient de rester vigilant. C'est pourquoi, à la fin de l'année 2008, l'OMC a mis en place un système de suivi ad hoc, en coopération avec le G 20, qui se traduit par la publication d'un rapport périodique retraçant l'évolution des politiques commerciales dans le monde.
De manière générale, des risques continuent de peser sur le commerce mondial, notamment après la conclusion de la 15ème conférence des Nations-Unies sur le changement climatique (COP 15), qui s'est tenue à Copenhague en décembre 2009. Si des engagements ont été pris par les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre, les doutes qui subsistent sur leur caractère non contraignant pourraient, à terme comporter des risques préjudiciables pour les échanges. M. Pascal Lamy a ajouté que, dans ce contexte, le rôle de l'OMC, en 2010, consiste à :
- conclure le cycle de Doha, lancé depuis 2001. Une solution semble proche, d'un point de vue technique, la principale inconnue résidant à ce stade, dans la position des Etats Unis et des principaux pays émergents sur l'ouverture des marchés en matière industrielle. Or le commerce international est un facteur puissant de la croissance des pays en développement, en particulier des pays émergents, principaux moteurs de la croissance mondiale ;
- continuer son suivi des politiques commerciales dans le monde. En effet, la transparence et la garantie que les autres pays ne « trichent » pas sont des éléments indispensables pour prévenir le retour des politiques protectionnistes, qui auraient des conséquences économiques nuisibles ;
- participer à la « résurrection » du marché du financement du commerce international, l'OMC étant la table autour de laquelle les principaux acteurs dudit marché se retrouvent ;
- poursuivre son mandat de coopération en matière d'aide au commerce, en partenariat avec d'autres organisations et programmes internationaux. Il s'agit de faire en sorte que les pays bénéficiaires utilisent de manière optimale la partie des crédits d'aide au développement dont ils disposent pour renforcer leurs capacités d'intégration commerciale. Cette assistance technique aboutit d'ailleurs à un renforcement des capacités de défense de leurs intérêts par ces pays, ce qui peut parfois compliquer les négociations au sein de l'OMC, mais ce qui reflète assez bien l'évolution du monde, également perceptible avec l'institutionnalisation en cours du G 20.
En outre, en toile de fond, demeure le traitement de sujets d'avenir, tels que l'articulation entre les accords bilatéraux et les accords multilatéraux, la régulation des marchés des matières premières et de l'énergie, ou encore la « question climatique ».
Un large débat s'est instauré à l'issue de ce propos liminaire.