Vous ne pouvez pas avoir de place financière solide sans un engagement des banques. Si les banques françaises ne sont pas aux cotés du régulateur et ne sont pas impliquées, notamment sur les enjeux industriels qui ont trait à la compensation ou à la centralisation des ordres et des achats, si elles se déportent trop vers le marché de Londres ou d'autres marchés internationaux, nous ne pourrons pas agir à leur place. Je suis, pour ma part, très satisfait de l'implication d'Europlace mais, quelquefois, on a le sentiment que les émetteurs, c'est-à-dire les entreprises cotées à Paris, ont une implication plus forte que nombre d'institutions financières françaises. Vous avez tout à fait raison de signaler qu'il s'agit d'un vrai sujet de préoccupation.
L'ironie de l'histoire, c'est d'avoir parcouru tout ce chemin pour se retrouver dans une situation capitalistique moins favorable que celle qui pouvait nous être proposée dix ans auparavant avec Deutsche Börse.
Enfin, on entend ici et là qu'il faudra surveiller l'influence allemande dans le futur ensemble par rapport aux autres pays membres d'Euronext. Je crois, pour ma part, qu'il faudra surtout prêter attention à l'influence américaine qui va exercer, dans quelques années, sur les différentes places européennes que ce soit Francfort ou Paris.
Le problème avec l'Allemagne, c'est la structure de régulation. La BaFin a moins de pouvoirs que nous sur le contrôle des sociétés de bourse. Nous devons discuter avec les régulateurs du Land de Hesse que nous connaissons mal. Nous avons rencontré le président de Deutsche Börse. En ce qui concerne les intérêts industriels, la discussion fut très rationnelle : nous pouvons facilement discuter et identifier les points de désaccords. En revanche, je suis plus inquiet pour la gouvernance du nouvel ensemble, notamment sur le point de savoir si la partie européenne de celle-ci sera bien assurée.