Je vais reprendre rapidement vos nombreuses questions. Sur les marchés de matières premières agricoles, mon sentiment est qu'il existe une dimension spéculative, qui émane tant des opérateurs physiques que financiers, mais qu'on ne peut attribuer à la financiarisation toutes les variations des cours. Les phénomènes climatiques actuels suscitent à la fois des comportements de couverture et de spéculation des opérateurs physiques, la difficulté pour nous étant de bien distinguer les deux dimensions. En revanche, ma grande crainte réside dans la spéculation à venir et les stratégies de certains grands fonds et banques d'investissement, qui vont être propriétaires de stocks et récoltes susceptibles d'être utilisés comme sous-jacents de produits distribués au grand public. On pourrait alors assister à une réédition des subprimes.
Je souhaite donc que le G 20 se saisisse de cette question pour que les établissements financiers puissent être contrôlés. Il faudrait que l'Europe dispose de règles analogues à celles en vigueur aux Etats-Unis, qui prévoient des limites de position à 10 % sur certains marchés.
Concernant le lissage des variations de cours, il faut saisir l'occasion de la nécessaire réforme de la politique agricole commune pour créer un observatoire ou une véritable agence européenne de régulation des matières premières agricoles, qui couvre les dimensions des stocks physiques, financière et commerciale.
En matière de dividendes, il n'y a à ma connaissance pas de réel problème de soutenabilité.