a rappelé que les Guinéens étaient toujours prisonniers du système autarcique, totalitaire et autoritaire qu'avait instauré Sekou Touré lors de l'indépendance du pays, en 1958. Il a constaté que son successeur, le président Lansana Conté, était certes moins sanguinaire, mais poursuivait les mêmes pratiques politiques. A la pauvreté et au chômage s'ajoute, pour les Guinéens, l'humiliation ressentie face au comportement prédateur de leur président. Celui-ci, du fait de son isolement, semble insensible à toute pression.
Puis M. Ahmedou Ould-Abdallah a fait un rapide historique des derniers événements intervenus en Guinée, soulignant qu'en dépit de son extrême pauvreté, une grande majorité de la population guinéenne avait respecté la grève de protestation décrétée par les syndicats au début du mois de janvier 2007. Il estime que, du 10 au 29 janvier, 110 personnes sont mortes par balle, notamment parce que les forces de l'ordre ne disposent d'aucun autre moyen pour se faire obéir. M. Ahmedou Ould-Abdallah a déploré qu'on puisse ainsi tuer à huis-clos, sans que la communauté internationale ne s'en émeuve outre mesure.
Devant la détermination de la population, le président Conté a fini par sembler accepter un compromis, en s'engageant à nommer un Premier ministre d'ouverture. Après un délai de plus de deux semaines, il a fini par désigner son propre directeur de cabinet, ce qui a relancé la protestation populaire. Pour la juguler, il n'a pas hésité à décréter, le 12 février dernier, l'état de siège ; depuis cette date, la répression des manifestations interdites a fait au moins 20 morts. L'armée ne semble pas en être principalement responsable, car le président Conté aurait fait appel à d'anciens miliciens libériens.
Puis M. Ahmedou Ould-Abdallah a évoqué les difficultés des institutions internationales ou régionales à faire pression sur un président totalement indifférent au reste du monde. Il a appelé à une déclaration très ferme du Conseil de sécurité ou de ses membres pris séparément. De plus les chefs d'Etat des pays voisins sont plutôt favorables au président Conté : il entretient des liens d'amitié avec le président Gbagbo, a soutenu la Guinée-Bissau lors de son combat pour l'indépendance contre le Portugal, et a aidé les forces politiques libériennes à se débarrasser de Charles Taylor. La mise en coupe réglée d'un pays qui possède de nombreux atouts économiques lui profite entièrement. Ainsi, l'exploitation du bois est assurée par un ressortissant chinois, la bauxite est extraite par une société russe, et les douanes sont gérées par un Libano-guinéen. Au total, la Guinée est un pays otage d'un homme malade. L'armée guinéenne est dirigée par un de ses compagnons d'armes, comme lui ancien adjudant-chef de l'armée française. Les officiers supérieurs de la génération suivante lui sont moins favorables, mais redoutent qu'un coup d'Etat ne libère des forces qu'ils ne pourraient contrôler.
Au terme de cette présentation, des questions ont été formulées.