Intervention de Ahmedou Ould-Abdallah

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 15 février 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Ahmedou Ould-abdallah représentant spécial du secrétaire général des nations unies pour l'afrique de l'ouest

Ahmedou Ould-Abdallah :

En réponse, M. Ahmedou Ould-Abdallah a apporté les éléments suivants :

- le gouvernement malien fait des efforts importants pour tâcher d'intégrer la population touareg, mais ne dispose pas des moyens financiers suffisants pour y parvenir. En effet, les Touaregs restent un groupe à part, qui a beaucoup perdu avec l'indépendance : ils constituaient antérieurement des tribus seigneuriales qui régnaient sur des vassaux noirs et arabes. Cet antagonisme est aggravé par l'absence d'activité économique présente dans le sud-saharien : seules les mines mauritaniennes constituent une insuffisante source d'emplois ;

- le Tchad a toujours été instable depuis l'indépendance, de même que la République centrafricaine. Leurs tensions avec le Soudan sont nées du passage au pouvoir à Khartoum d'Hassan Al Tourabi, islamiste radical qui s'est brouillé avec l'ensemble des gouvernements frontaliers du Soudan. Il a enfin évoqué la « malédiction des ressources minières », qui vient aggraver l'instabilité ;

- il ne faut pas ignorer la « volonté d'expansion » de toute institution militaire, en particulier, aux Etats-Unis, visant à consolider son personnel et son budget. De plus, du fait de l'importance des entreprises privées impliquées dans le budget de la défense aux Etats-Unis, la guerre intéresse financièrement tout le monde. A cet élément général, s'ajoute l'existence de nombreuses crises en Afrique, qui constituent autant de motifs pour étendre son influence. Cependant, les caractéristiques propres à l'armée américaine suscitent immanquablement des oppositions à sa présence. Elle a donc envisagé de s'installer à Sao Tomé et Principe, du fait du caractère excentré de ce petit pays. Mais les militaires américains ont des projets plus vastes, et envisagent d'établir en Afrique deux types de bases, permanentes et temporaires, dont la localisation n'est pas encore fixée ;

- la présence de la Chine en Afrique est irrésistible, car elle répond à des besoins importants des populations africaines pour des produits à bas coût. Les Chinois envisagent également d'édifier des infrastructures et, à plus long terme, de se constituer un réseau d'obligés qui les appuieraient, par leur vote, dans les institutions internationales.

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