Intervention de Patrick Bazin

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 17 novembre 2009 : 2ème réunion
Audition de M. Patrick Bazin directeur de la bibliothèque municipale de lyon

Patrick Bazin, directeur de la Bibliothèque municipale de Lyon :

a apporté les réponses suivantes :

- s'agissant des conditions de la mise à disposition de livres par Google ou par une bibliothèque, il existe bien une différence mais aussi une complémentarité qui milite pour l'accord passé par la BML. En effet, « Google livres » est un outil très efficace utilisé par un grand nombre de personnes différentes, particuliers ou chercheurs, mais cet outil reste une juxtaposition de documents qui, à terme, ne répondra pas pleinement aux besoins sophistiqués de la population et qui conduira au nécessaire développement de réseaux de bibliothèques numériques publiques ;

- le retard pris pour la numérisation des fonds des bibliothèques publiques oblige à mettre les moyens, qui sont limités, sur l'ingénierie de la connaissance plutôt que sur la scanérisation en masse des livres. Le recours à un opérateur privé comme Google qui certes détient une forme de position dominante mais aussi une « force de frappe » technique, doit permettre de rattraper ce retard. Devant ce défi mondial considérable, il semble inévitable de s'orienter vers une complémentarité et une articulation des solutions privées et publiques, en prenant bien évidement un certain nombre de précautions comme cela a été fait par la BML ;

- concernant le réseau des bibliothèques de la région Rhône-Alpes, le projet de la BML semble avoir suscité une volonté des universitaires de la communauté urbaine de Lyon de se lancer dans une opération de numérisation de masse et un projet de pôle numérique de l'agglomération lyonnaise a été réactivé ;

- au moment de la rédaction du cahier des charges de l'appel d'offres, la BML ne savait pas si un prestataire serait intéressé par la proposition et pourrait y trouver son compte. Par ailleurs, la vocation première d'une bibliothèque publique n'est pas de commercialiser des produits mais de faciliter l'usage des collections ;

- à la fin de l'année 2005, la ville de Lyon avait réalisé une estimation pour la numérisation et la mise en ligne de 100 millions de pages qui s'élevait à 60 millions d'euros TTC ;

- la BML s'est également étonnée de n'avoir reçu qu'une réponse à son appel d'offres et de l'absence d'intérêt de France Télécom. A la fin des années quatre-vingts, la France a manqué l'occasion de se lancer dans un grand projet de bibliothèque numérique de niveau international. A l'époque, un certain nombre d'intellectuels français ne voulaient pas comprendre l'importance du numérique et ce sont parfois les mêmes qui aujourd'hui critiquent la BML. Il faut être conscient que la génération des 14-30 ans est en train de quitter le livre papier, qui n'est désormais qu'une des composantes du dispositif culturel ;

- s'agissant de l'indexation des oeuvres mises en ligne sur « Google livres », la BML n'a pas eu d'exigence ; mais elle compte exercer son métier de bibliothécaire en fournissant aux différents publics ses propres indexations du corpus lyonnais ;

- Europeana n'est pas une bibliothèque numérique mais un portail intelligent qui est en développement. La BML s'est engagée à ne pas transférer en masse vers un tiers les fichiers numérisés par Google, mais la possibilité est laissée aux usagers de la BML de télécharger gratuitement des ouvrages à l'unité. L'accord passé entre la BML et Google sera publié prochainement.

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