Intervention de Pierre Lellouche

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 février 2011 : 2ème réunion
Audition de M. Pierre Lellouche secrétaire d'etat chargé du commerce extérieur

Pierre Lellouche, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur :

Je sors précisément d'une rencontre avec le Premier ministre destinée à préparer les rencontres de l'export de demain à Bercy. Dans cette vraie guerre économique qu'est la mondialisation, avec ses vainqueurs et ses vaincus, la France doit se ressaisir rapidement. Le commerce mondial représente un volume d'exportations de 14 000 milliards de dollars par an - 18 000 avec les services. En matière d'échanges de biens, le monde se divise en deux zones. L'Europe, qui reste au premier rang, avec 5 500 milliards, suivie par l'Asie, avec 4 500 milliards. Ces deux zones comptent chacune un champion : la Chine, en tête, avec 1500 milliards, et l'Allemagne derrière elle, à 1 150 milliards.

Pour avoir consacré ma vie à l'international - et lu quelques livres d'histoire - je pense que l'on n'a jamais vu, en période de paix et sur un temps si court, un tel basculement de la richesse. Il faut remonter au XVe siècle et encore, les évolutions furent plus lentes. La Chine, qui il y a moins de trente ans, ne représentait pas 1 % du commerce mondial, en assure aujourd'hui 10 %. Si le monde s'est étendu, la part des puissances anciennes s'est contractée. Dans la balance des échanges, la France, en 2010, pèse 392,5 milliards d'euros en exportations.

On peut, bien sûr, se réconforter, en se disant que nous sommes toujours la cinquième puissance commerciale mondiale, et la deuxième puissance européenne. On peut se dire que le déficit de notre balance est certes important - 51,4 milliards d'euros - mais qu'il est imputable pour l'essentiel à notre facture énergétique - 48 milliards d'euros. On peut se rassurer en constatant que, ces dernières années, la reprise de nos exportations - plus 13,5 % en 2010 - est en ligne avec la reprise du commerce mondial, et se féliciter de la bonne tenue de nos grands contrats, plus 38 %, avec 285 livraisons pour l'aéronautique civile.

A première vue, donc, et si l'on regarde en arrière, il semble bien que la machine soit repartie. Mais si l'on est un tant soit peu gaulliste, et que l'on regarde vers l'avenir, avec la conscience que notre indépendance nationale, nos emplois, la stabilité de notre modèle économique et social se jouent à l'export, alors, on est porté à examiner la photo de plus près. Il faut savoir que 47 milliards d'euros d'exportations supplémentaires entre 2009 et 2010, ce sont120 000 emplois créés ou consolidés en 2011. C'est bien à l'export que se joue l'emploi de demain. Et cela est vrai pour toutes les régions. On en voit les signes sur la scène politique : le week-end dernier a été marqué par la signature, à la Verkunde de Munich, par Mme Clinton et M. Lavrov, du deuxième traité Start ; il y a vingt ans, c'eût été un événement mondial : cela n'a pas fait une ligne dans les journaux.

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