Intervention de Rama Yade

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 17 octobre 2007 : 2ème réunion
Audition de Mme Rama Yade secrétaire d'etat aux affaires étrangères et aux droits de l'homme

Rama Yade, secrétaire d'État aux affaires étrangères et aux droits de l'Homme :

a souligné le rôle important que pouvait jouer le Parlement, et notamment le Sénat, en matière diplomatique par l'intermédiaire des groupes d'amitié, de l'envoi de délégations à l'étranger, comme cela est envisagé en ce moment en Birmanie, de l'action des commissions ou de la coopération technique parlementaire. Les parlementaires étant les représentants du peuple français, elle a estimé qu'ils étaient bien placés pour parler au nom de la France et quelquefois même jouer le rôle de « facilitateurs ». Elle a expliqué que c'est pour cette raison qu'elle souhaitait être accompagnée de parlementaires lors de ses déplacements.

Elle a relevé le caractère original de son secrétariat d'État qui cumule pour la première fois les deux domaines relatifs aux affaires étrangères et aux droits de l'homme. La contradiction qui pourrait apparaître entre ces deux objectifs n'est qu'apparente et il n'y a pas lieu d'opposer les valeurs et les intérêts mais au contraire de rechercher un équilibre. La France est ainsi une puissance, ce qui suppose la défense des intérêts nationaux, mais aussi la patrie des droits de l'homme. Pour autant, les droits de l'Homme ne peuvent à eux seuls fonder une politique extérieure. La France doit également protéger sa souveraineté, assurer sa sécurité et défendre ses intérêts économiques. La naïveté pas plus que le cynisme ne doivent guider l'action diplomatique. À cet égard, l'exemple de l'action menée par le Président de la République en faveur de la libération des infirmières bulgares et du médecin bulgare d'origine palestinienne n'est nullement incompatible avec l'intensification de relations commerciales avec la Libye. On ne doit pas confondre la défense de droits de l'Homme et le « droitdelhommisme ».

a ensuite indiqué les priorités de son action. En matière d'affaires étrangères, elles concerneront l'humanitaire et l'adoption internationale, en plus de l'activité diplomatique traditionnelle de représentation de notre pays dans les institutions internationales. En matière de droits de l'Homme, son action s'articulera autour de trois axes : les femmes et les enfants, la liberté d'expression et, en particulier, la liberté de la presse et la justice pénale internationale.

Elle a souligné que la France, patrie des droits de l'Homme, avait un devoir vis-à-vis de l'histoire. Elle devait savoir défendre ses intérêts tout en parlant de droits de l'Homme.

Citant l'exemple de la Chine, elle s'est affirmée convaincue que la tenue des Jeux olympiques à Pékin constitue une opportunité pour obtenir de ce pays de réelles améliorations en matière des droits de l'Homme, comme la ratification du pacte sur les droits civils et politiques, la libération des prisonniers politiques, la diminution du recours à la peine de mort, la liberté de la presse, etc.

Elle a ensuite décrit la méthode de son action qui doit évoluer, selon les cas, entre la discrétion et la médiatisation.

Expliquant que la discrétion était quelquefois un préalable nécessaire à la conduite des négociations tout en évitant d'humilier des peuples, elle a indiqué que cela n'excluait pas la fermeté ni, dans un second temps, la prise à témoin de l'opinion lorsque les dites négociations n'aboutissent pas.

a jugé que la méthode devait également allier fermeté dans l'affirmation des principes et pragmatisme dans l'action. La fermeté suppose de ne pas céder sur nos valeurs face au relativisme culturel qui met en avant les traditions d'un pays notamment en ce qui concerne les femmes, plutôt que l'universalité des droits humains.

Elle a enfin souhaité que des contacts permanents soient établis avec les défenseurs des droits de l'Homme dans le monde, en particulier au niveau de nos ambassades, pour qu'elles deviennent des « maisons des droits de l'Homme » et les avant-postes de leur défense. Répondant à la question de M. Robert del Picchia, elle a indiqué que le ministère des Affaires étrangères avait, à cet égard mis au point un système de directives à l'intention de nos postes diplomatiques afin de les guider dans leurs démarches de promotion des droits de l'Homme. Des circulaires sur les directives de l'Union européenne, dont certaines ont été initiées par la France, sont diffusées. Une instruction a été envoyée à notre réseau diplomatique demandant de porter une attention particulière à la question des droits de l'Homme de manière générale et notamment dans la programmation des actions de coopération. En outre, lors de la conférence des ambassadeurs, la secrétaire d'Etat a demandé que les ambassades soient des « maisons de droits de l'Homme ».

Dans ce contexte elle s'est affirmée convaincu que le Parlement a un rôle primordial à jouer, et en particulier le Sénat, défenseur par tradition des libertés publiques, mais également les collectivités territoriales, par le biais de la coopération décentralisée.

En conclusion, elle a souhaité redonner une nouvelle force au message de la France auprès de nos partenaires européens. Pour cela en 2008, deux événements permettront de faire le point sur la situation des droits de l'Homme dans le monde : le 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme et la présidence française de l'Union européenne.

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