En réponse, l'amiral Pierre-François Forissier a précisé que :
- la France possède la seule marine au monde, avec celle des Etats-Unis, à disposer de la capacité de construire et faire naviguer un groupe aéronaval. Les Etats-Unis ont douze bâtiments de cette nature, et l'Europe, un seul. Assurer la permanence d'un groupe aéronaval à la mer suppose en effet de disposer d'un second porte-avions pour lequel la France dispose des compétences, mais pas des ressources financières nécessaires. Or, il est essentiel de conserver ce savoir-faire : comme le montrent les exemples russes et britanniques, les compétences perdues sont extrêmement difficiles à retrouver. La réponse pourrait être européenne, car l'Europe ne peut accepter une telle diminution stratégique. Il serait donc opportun que, sous une forme qui reste à déterminer, l'Union européenne puisse se doter d'un porte-avions, ce qui remédierait aux effets pervers de l'immobilisation du Charles-de-Gaulle durant sa « grande révision », qui le rend indisponible 30 % du temps. L'intérêt principal de ce second porte-avions serait d'assurer la continuité de l'entraînement de l'équipage, et notamment des pilotes de l'aéronavale qui doivent impérativement réaliser des séries d'appontages au moins tous les deux mois pour maintenir leur savoir-faire et leurs qualifications. Il faut aussi prendre en compte la question du statut du bâtiment de guerre : dans l'état actuel des choses, un bâtiment de guerre doit nécessairement être doté d'une nationalité. Mais on pourrait très bien envisager -comme cela se fait à terre- d'utiliser des aéronefs de différentes nations sur un porte-avions d'une tierce nationalité. C'est pour réfléchir aux perspectives envisageables dans ce domaine que la présidence française de l'Union européenne a lancé une « Initiative aéronavale européenne » visant à disposer d'un groupe aéronaval européen. Il ne faut cependant pas se dissimuler que la plupart des marines européennes ne sont pas entraînées à l'escorte d'un porte-avions, qui requiert un savoir-faire spécifique.