Intervention de Josselin de Rohan

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 28 juin 2011 : 1ère réunion
Echange de vues avec des parlementaires israéliens

Photo de Josselin de RohanJosselin de Rohan, président :

Nous avons le plaisir d'accueillir une délégation de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset. Soyez les bienvenus au Sénat.

Je rappelle à nos collègues qu'après une brillante carrière militaire qui vous a conduit jusqu'au poste de chef d'état-major de l'armée israélienne, vous avez été nommé ministre de la défense en 2002. Vous appartenez au parti Kadima.

Afin d'entrer rapidement dans le vif du sujet et je vous propose de commencer nos échanges autour de deux sujets fondamentaux : le processus de paix et les mouvements dans les pays arabes. Ces deux sujets sont du reste liés tant il est évident qu'à l'heure du « printemps arabe », le statu quo est de moins en moins tenable.

La récente initiative prise par notre diplomatie pour relancer le processus de paix s'inscrit dans le contexte d'une éventuelle reconnaissance d'un État palestinien par l'assemblée générale de l'ONU. Nous sommes persuadés qu'un vote en septembre serait l'occasion d'un mélodrame dont les radicaux dicteraient les termes. Personne n'en sortirait grandi : l'Union Européenne étalerait ses divisions, les Etats-Unis et Israël leur isolement, les Palestiniens leur fuite dans la rhétorique et les Nations unies leur impuissance à peser sur la réalité du conflit. Et rien de concret n'en sortirait, chaque partie revenant à son ornière, Israël à son obsession obsidionale et les Palestiniens à leur position de victimes.

Revenir à la table des négociations est donc indispensable.

La France a pris une initiative sur la base de paramètres reprenant ceux présentés par le Président Obama. Je les rappelle brièvement : une frontière fondée sur les lignes de 1967 avec des échanges agréés de territoires et des arrangements de sécurité garantissant tant la sécurité d'Israël que la souveraineté du futur Etat palestinien.

D'autres principes prennent pleinement en compte les préoccupations d'Israël (renonciation à la violence, reconnaissance mutuelle, deux Etats pour deux peuples, fin de toutes les revendications) et des Palestiniens (pas d'actions unilatérales, référence à la colonisation, et mécanisme de suivi international des négociations).

Les questions les plus délicates du statut final (Jérusalem et les réfugiés) auraient vocation à être traitées dans un second temps, l'ensemble de la négociation devant avoir lieu dans un délai d'une année.

Soyons clairs, cette initiative constitue l'une des dernières chances, sinon la dernière, pour éviter la prolongation du blocage actuel, laquelle aboutirait immanquablement à nous placer face à des choix difficiles aux Nations unies en septembre. Choix dont le président de la République a indiqué que nous les assumerions le moment venu.

Le second sujet que je vous propose d'aborder porte sur les «printemps arabes ».

Comme vous le savez, notre pays et notre diplomatie sont particulièrement engagés dans le suivi de mouvements qui sont sans doute l'équivalent de ceux qu'ont connu les pays d'Europe centrale et orientale après la chute du mur de Berlin.

Je suis persuadé que les régimes qui vont survivre à ces les événements seront ceux qui auront su engager les réformes que les peuples réclament. Israël est concerné au premier chef par ce mouvement ne serait-ce que parce qu'ils ont profondément modifié l'image de l'homme arabe dans le monde. Les régimes arabes ne sont pas systématiquement condamnés à la dictature et au sous-développement. La seconde conséquence est que les opinions publiques arabes seront sans doute plus exigeantes vis-à-vis de leurs gouvernements quant à la résolution de la question palestinienne. Les changements en cours pourraient également avoir une incidence significative sur les soutiens qui étaient jusqu'à présent apportés au Hezbollah et au Hamas notamment par la Syrie et l'Iran.

Nous sommes donc particulièrement intéressés à vous entendre sur ces questions. Je vous passe immédiatement la parole.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion