Intervention de Shaul Mofaz

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 28 juin 2011 : 1ère réunion
Echange de vues avec des parlementaires israéliens

Shaul Mofaz, président de la commission des affaires étrangères et de la défense :

Les transformations actuelles des régimes politiques au Maghreb et au Moyen-Orient très rapides, avec un effet domino et sans limites territoriales ou géopolitiques, sont parmi les événements les plus importants des soixante dernières années. Ces événements peuvent constituer une chance pour la démocratie et le développement économique de la région, mais également un danger si la situation venait à se dégrader au profit de forces extrémistes. Je pense en particulier aux frères musulmans.

Cette situation nouvelle impose aux pouvoirs publics israéliens de rester en veille, de s'assurer que les accords de paix avec l'Égypte et la Jordanie soient bien maintenus et de faire avancer un projet d'accord de paix avec les Palestiniens. Ces changements tectoniques dans la région vont avoir un effet sur le conflit. Ils auront un impact sur la politique israélienne. J'estime que le gouvernement israélien doit prendre des initiatives pour faire avancer le processus de paix en prenant des garanties en matière de sécurité, sans doute plus importantes qu'auparavant, afin de pouvoir faire face à une situation marquée par de nombreuses incertitudes.

Ces changements ont-ils eu des conséquences sur les positions palestiniennes ? Ils ont sans doute favorisé l'apparent rapprochement entre le Hamas et le Fatah. Cette réconciliation ne semble cependant qu'un rapprochement de façade destiné à montrer à la communauté internationale un front uni.

Je pense personnellement que l'État d'Israël doit déclarer qu'il est prêt à la négociation si les Palestiniens acceptent les conditions fixées par le Quartet. Nous estimons que la question de la création d'un État palestinien ne doit pas être traitée de façon unilatérale. Nous croyons que la création de cet État de façon unilatérale aura des effets néfastes pour les Palestiniens eux-mêmes. Les accords d'Oslo de 1993, ainsi que l'ensemble des négociations engagées depuis, dont l'accord intérimaire de 1995, partent du principe qu'un État palestinien ne pourra voir le jour qu'après négociations avec l'État d'Israël et un accord.

Les positions des présidents Obama et Sarkozy sont justes. Le parti Kadima croit à la possibilité d'un compromis territorial tout en veillant à la sécurité d'Israël.

La position française à l'égard du conflit israélo-palestinien et vis-à-vis de l'Iran est appréciée en Israël. La fermeté de la France dans le dossier iranien constitue un point important. Nous devons être prudents à l'égard de l'évolution des armements iraniens dont les essais balistiques montrent que les missiles pourraient aussi bien toucher l'État d'Israël que des capitales européennes. Il faut être conscient que l'Iran se rapproche très vite de la capacité nucléaire.

Le processus avec les Palestiniens est très important. Dans ce contexte actuel, Israël doit prendre des initiatives d'ici septembre sur la base du respect de l'ensemble des conditions fixées par le Quartet, même si la situation dans le monde arabe est très instable. Une déclaration unilatérale constituerait un vrai danger.

Il n'y aura pas pour nous de « printemps arabe » tant que des autocrates tirent sur leur population. La jeunesse, les peuples ont fait tomber des anciens pouvoirs sans avoir encore mis en place de nouveaux pouvoirs stables. L'Egypte et la Syrie vont avoir à prendre des décisions très graves. Ces périodes transitoires sont très dangereuses. J'espère néanmoins que ces changements apporteront à nos régions de bonnes nouvelles. Après la Syrie, d'autres pays connaîtront encore des changements.

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