Elle ne saurait prévoir avec exactitude le moment de la mort. Comment expliquer le fait que le taux de suicide soit deux fois plus élevé en France qu'aux Pays-Bas ? Et que dire de l'inégalité face à l'acte : aux plus fortunés, le dernier voyage en Suisse, aux autres, la mort violente.
Nous voulons une loi républicaine, inscrite dans la laïcité, qui respecte toutes les consciences ; une loi fondée sur le triptyque « liberté, égalité, fraternité ». Nous respectons la liberté de ceux qui, pour des raisons éthiques ou religieuses, veulent mourir le plus tard possible, à l'échéance. Qu'eux aussi respectent ceux qui font un autre choix. Nous sommes dans une république laïque. La liberté s'entend, bien entendu, pour les médecins, charge à ceux qui souhaitent rester en retrait de diriger les patients vers leurs confrères. Car la liberté, c'est aussi liberté pour ceux qui, estimant que leur vie n'est plus que souffrance, souhaitent partir. Ce n'est pas à autrui de décider pour eux de ce qui est digne. Je ne m'érige pas en juge de la dignité de personne. Ceux qui n'ont plus rien à perdre veulent seulement être en paix avec eux-mêmes et sont seuls aptes à juger de leur dignité.
Une loi républicaine, c'est aussi une loi d'égalité. Il n'est pas donné à tout le monde de réussir un suicide par voie médicamenteuse. Il faut être introduit dans le milieu médical ou, pour ceux qui en ont les moyens, faire le voyage en Suisse... J'en profite pour démentir certaines allégations, comme celles de Luc Ferry, que j'ai entendu l'autre jour déclarer à la radio qu'il existe, en Suisse, des cliniques prêtes à « accueillir » quiconque se sent « fatigué de la vie » : c'est parfaitement faux.
Une loi républicaine, c'est une loi de fraternité, enfin, une loi de solidarité, car on ne sait pas, hélas, je l'ai dit, soulager toutes les souffrances, et une loi qui respecte les consciences.