Intervention de Yves Rome

Commission des affaires sociales — Réunion du 12 janvier 2011 : 1ère réunion
Fin de vie — Audition de Mm. Jean-Luc Romero président et philippe lohéac délégué général de l'association pour le droit de mourir dans la dignité admd

Photo de Yves RomeYves Rome :

Peut-être, mais je ne les ai pas rencontrés... Quoi qu'il en soit, je dénonce ces mandarins qui vous disent en privé avoir transgressé la loi en accordant la mort à des patients qu'ils savaient condamnés à mourir rapidement dans d'atroces conditions, mais qui veulent conserver pour eux seuls cette faculté de transgression. Si demain je suis irrémédiablement condamné à mourir à court terme, mais que je suis amoureux et que ma joie de voir l'être aimé l'emporte sur la souffrance, je veux pouvoir décider de mon sort, plutôt que ce soit le médecin. C'est pourquoi je milite pour qu'une loi autorise l'euthanasie, dans des conditions évidemment encadrées, pour que la personne soit enfin respectée.

Les Français sont massivement favorables à une telle loi, quelles que soient leurs sympathies politiques : à 86 % pour les sympathisants socialistes ou de l'UMP, à 90 % pour les sympathisants écologistes, à 80 % pour les sympathisants du FN. Mais l'agenda politique est tenu par des doctrinaires des soins palliatifs : je considère que, dans une démocratie, une minorité ne doit pas avoir un tel pouvoir sur la majorité !

Monsieur Kerdraon, je vous accorde volontiers que le dispositif français est hypocrite, et que l'hypocrisie est inscrite dans la loi Leonetti même. De fait, le recours à la sédation palliative terminale n'est rien d'autre qu'une euthanasie qui ne dit pas son nom : on cesse de vous nourrir et de vous hydrater, avec la certitude que vous en mourrez dans un délai maximum de trois jours, seule restant inconnue l'heure de votre mort. Et quand Chantal Sébire suppliait qu'on mette fin à sa souffrance, on a vu Christine Boutin et jusqu'au Premier ministre expliquer que la sédation serait justifiée, mais pas l'euthanasie... Dans les congrès internationaux, les spécialistes estiment que la France a légalisé l'euthanasie active indirecte. Cependant, qui en décide ? Les seuls médecins, et c'est ce qui n'est plus admissible. Ceux qui prennent prétexte des exécutions, aux Etats-Unis par exemple, qui provoquent des souffrances atroces pour le condamné, pour nous dire que l'euthanasie s'accompagnerait nécessairement d'une sorte de torture, ne connaissent rien à la réalité. En fait, l'injection létale est indolore et elle entraîne une mort certaine, rapide et sans souffrance physique, c'est un fait avéré.

Madame Debré, je ne peux accepter entendre dire que le geste d'euthanasie revient à tuer quelqu'un. Quand on m'annoncera, ce que je n'espère pas, que mon cancer ou mon sida seront à ce point avancés que ma mort sera devenue certainement imminente, la demande que j'adresserai à l'ami de confiance ne sera pas de me tuer, mais bien de m'accompagner dans l'ultime étape, de m'aider à partir au mieux dans l'inconnu de la mort. Je sais bien que les médecins sont là pour soigner, pour faire vivre les patients, mais dans les pays où l'euthanasie a été légalisée, on constate que les médecins n'exercent que très rarement la clause de conscience, parce que, dans l'écrasante majorité des cas, ils savent que le geste d'euthanasie correspond à un voeu profond de délivrance, longuement mûri, exprimé par les souffrants, en accord avec leurs proches, et que la mort ainsi préparée est une mort plus sereine.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion