Intervention de Daniel Jouanneau

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 juin 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Daniel Jouanneau ambassadeur de france au pakistan

Daniel Jouanneau, ambassadeur de France au Pakistan :

Le conflit israélo-palestinien occupe une place centrale dans le débat public au Pakistan et dans les préoccupations de l'opinion. Le non-règlement du conflit justifiera toujours un terrorisme résiduel, même quand les troupes de l'OTAN auront quitté le Pakistan, même si la question du Cachemire est réglée un terrorisme résiduel au Pakistan. Notre position équilibrée sur Israël et l'État palestinien est très appréciée au Pakistan. L'opinion publique, qui pourtant ne se faisait pas trop d'illusions sur le changement de politique américaine au moment de l'élection de Barack Obama, est très déçue par sa politique au Proche-Orient et son incapacité à obtenir du gouvernement israélien les concessions nécessaires.

Dans nos relations avec l'Inde, il existe une ligne rouge. Autant le Gouvernement indien trouve utile l'aide militaire apportée au Pakistan pour lutter contre le terrorisme, autant les programmes contribuant au renforcement des capacités conventionnelles l'inquiètent. Notre pays a ouvert une facilité de crédit de 450 millions d'euros pour l'achat d'équipements destinés à l'armée de terre et à l'armée de l'air pour les stricts besoins de la lutte contre le terrorisme. Il n'est pas sûr que la négociation aboutisse, car les conditions financières de notre offre commerciale posent problème aux responsables pakistanais, habitués à recevoir gratuitement des matériels américains ou à disposer de prêts à long terme chinois. De plus, les délais de fabrication leur paraissent trop longs par rapport au caractère immédiat des besoins.

L'offensive menée dans le Sud-Waziristan, sur un terrain extrêmement montagneux, nécessite l'utilisation d'hélicoptères. Le contrat passé avec la France pour la fourniture de 10 hélicoptères Fennec est actuellement remis en cause par les pilotes de l'armée pakistanaise qui les considèrent insuffisamment adaptés aux conditions du pays. L'armée a essuyé de lourdes pertes dans ses offensives contre les taliban, plus que les troupes de la coalition en Afghanistan, sans pour autant pacifier de manière irréversible les régions frontières. De ce fait, il y a toujours 1,5 million de personnes déplacées qui ne peuvent pas rentrer chez elles parce que la situation n'est pas redevenue sûre. La séquence vertueuse espérée (départ de la population, offensive et pacification, retour des déplacés, crédits pour le développement, reconstruction et aide internationale) ne s'est pas réalisée. La persistance de poches taliban empêche l'armée de se retirer. La police, corrompue et mal équipée, n'est pas en mesure de prendre le relais.

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