Intervention de Daniel Jouanneau

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 juin 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Daniel Jouanneau ambassadeur de france au pakistan

Daniel Jouanneau, ambassadeur de France au Pakistan :

Au Pakistan, 50 % de la population a moins de 25 ans. Compte tenu de la faillite du système de l'éducation nationale, un enfant sur deux ne va pas à l'école. Cette faillite explique le développement du réseau des madrasas. Toutefois, un scénario à l'iranienne, avec l'institution d'une république théocratique, est peu probable. La société pakistanaise pratique un islam de tradition soufie, et elle est profondément allergique au wahhabisme des taliban. La révolution de Khomeiny avait beaucoup inquiété les Pakistanais. Personne, au Pakistan, ne souhaite un État à l'iranienne dirigé par des ayatollahs. Par contre, une évolution, avec une application de la charia dans des domaines tels que le droit familial, ou le droit foncier, est souhaitée, probable, et ne serait pas inquiétante. Il ne s'agit nullement d'appliquer la charia médiévale et barbare des taliban. L'armée s'opposerait à une prise de pouvoir par les extrémistes. La société pakistanaise aurait la capacité de secréter de puissants anticorps.

La société pakistanaise est toujours en quête de son identité. Le Pakistan est une nation en construction, inachevée et fragile. Certes, l'armée a permis l'éclosion d'un sentiment national et patriotique, mais un sondage récent auprès de jeunes de 18 à 25 ans a montré qu'ils se sentaient, en premier lieu, musulmans, ensuite pendjabis ou pachtounes ou sindhis, et, en dernier lieu seulement, pakistanais. L'appartenance à l'islam est revendiquée et affichée avec fierté. C'est la valeur de référence centrale.

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