Intervention de Nicole Notat

Commission des affaires économiques — Réunion du 18 octobre 2006 : 1ère réunion
Audition de Mme Nicole Notat présidente de vigeo

Nicole Notat :

En réponse aux différents intervenants, Mme Nicole Notat a précisé que le rôle croissant de l'évaluation du caractère durable des activités économiques ne faisait pas disparaître le cadre traditionnel d'analyse, par exemple les relations entre la puissance publique et le marché, ou le fonctionnement du marché. Il ne fallait donc pas imaginer que la prise en compte du développement durable constituait une baguette magique résolvant tous les problèmes classiques du développement économique. En revanche, c'était un élément de levier qui avait un grand potentiel et qui pouvait faire bouger les lignes dans les rapports de force, à défaut de changer le monde.

Concernant l'interrogation de M. Ladislas Poniatowski, elle a souligné que les entreprises ne choisissaient pas les investisseurs et que Vigeo n'entendait pas conseiller les entreprises sur l'opportunité, pour elles, de faire l'objet de l'attention de tel ou tel investisseur.

En réponse à M. Gérard Bailly, elle a reconnu qu'il existait bien un écart de compétitivité entre les pays développés et les pays émergents, la question étant de savoir comment le réduire au plus vite de façon favorable au développement économique et social. Elle s'est déclarée tout à fait frappée par le fait que dans les pays européens l'impact positif des investissements de firmes européennes dans les pays émergents n'était pas du tout mis en valeur. En effet, les conditions de production de ces pays étaient elles-mêmes modifiées à la suite des investissements directs des grandes entreprises occidentales. Certes, il ne fallait pas se bercer d'illusions sur la rapidité de ce rattrapage, mais il convenait de tenir compte de ces aspects positifs. Elle a regretté que les entreprises soient toujours diabolisées dans le cadre de la présentation de la mondialisation, sans qu'on parle des aspects positifs que celle-ci pouvait comporter, ce qui privait l'opinion publique de perspectives d'espoir.

En réponse à l'interrogation de M. Christian Gaudin, elle s'est déclarée convaincue que les multinationales ne pouvaient être réellement et durablement apatrides. Les entreprises avaient, en effet, une histoire et des racines, qui expliquaient souvent la localisation des centres de décision. En outre, on trouvait dans les entreprises une véritable culture managériale spécifique, qui était un autre reflet de leur histoire. Elle en a conclu que l'Europe devrait travailler à affirmer sa propre culture d'entreprise afin de la valoriser, ce qui pourrait renforcer l'attractivité du territoire européen. Quant aux critères des conditions de production, la France n'était pas mal placée, puisqu'on lui reconnaissait une bonne qualification de la main-d'oeuvre et de très bonnes infrastructures. Certes, les charges pouvaient y être plus élevées que chez certains de ses concurrents, mais cela n'empêchait pas un certain nombre d'entreprises de s'installer en France.

Quant au rôle de la puissance publique et des collectivités territoriales évoquées par Mme Evelyne Didier, elle a précisé que Vigeo menait pour certaines collectivités et, en particulier des communes engagées dans l'Agenda 21, des audits spécifiques avec des outils adaptés. Elle a précisé que les actionnaires de Vigeo étaient des multinationales et que l'entreprise travaillait surtout pour des entreprises cotées. Toutefois, les petites et moyennes entreprises (PME) étaient nécessairement concernées par cette problématique, dans le cadre de la sous-traitance. A ce propos, elle a reconnu que la tendance des grandes entreprises à externaliser certaines activités avait fait peser des contraintes parfois considérables sur les sous-traitants ; elle a aussi fait remarquer que les excès dans ce domaine aboutissaient à pénaliser les grandes entreprises elles-mêmes. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres de la vie des entreprises, on pouvait donc constater des tendances contradictoires. Cela devait conduire à une évaluation plus fine et nuancée des entreprises.

S'agissant de l'ONU, dont elle a convenu de la faiblesse des pouvoirs, elle a rapporté avoir perçu, à travers ses procédures de notation, la prise de conscience par les entreprises américaines de l'importance des enjeux environnementaux, en dépit du refus du président Bush de ratifier le protocole de Kyoto.

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