Intervention de Nicole Notat

Commission des affaires économiques — Réunion du 18 octobre 2006 : 1ère réunion
Audition de Mme Nicole Notat présidente de vigeo

Nicole Notat :

En réponse, Mme Nicole Notat a apporté les éléments de précision suivants :

- déclarant intéressante et nécessaire la multiplication des approches intelligemment critiques des dérives du capitalisme financier, illustrée par les récents ouvrages sur le sujet de Jean Peyrelevade, Patrick Artus ou Claude Bébéar, elle a jugé qu'il serait présomptueux pour son entreprise de prétendre les combattre directement. Estimant toutefois que son action contribuait à un mouvement global de résistance, elle a insisté sur la légitimité de l'action politique, en tant qu'elle énonce une règle de droit permettant d'atteindre le bien commun ;

- voyant dans les syndicats de salariés un contre-pouvoir historique, elle a toutefois souligné qu'il n'était plus le seul et douté de son efficacité à l'échelle mondiale. Regrettant cette faiblesse et la jugeant paradoxale, du fait de l'importance historique de l'internationalisme dans les mouvements syndicaux, elle l'a expliquée par leur ancrage désormais national. Disant voir poindre avec espoir la conclusion d'accords mondiaux au niveau de multinationales, elle a estimé qu'ils constituaient, en dépit de leur faible nombre à ce jour, une piste à privilégier pour restaurer l'influence syndicale à l'échelle internationale. Ajoutant que ce mouvement devait, pour être efficace, partir de l'entreprise, elle a néanmoins douté qu'il parvienne à donner davantage de visibilité d'un point de vue macroéconomique. Décrivant ensuite le paysage syndical au niveau mondial, elle a opposé la Fédération syndicale mondiale (FSM), d'obédience communiste et présente dans les pays de l'Est, à deux regroupements de syndicats occidentaux se rapprochant pour des raisons idéologiques autant que matérielles, la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), luttant pour un syndicalisme libre et indépendant, et la Confédération mondiale du travail (CMT), d'influence chrétienne. S'interrogeant sur les objectifs politiques que pouvait se fixer la CISL dans un monde dépourvu d'affrontement Est-Ouest, elle a estimé que la lutte contre les aspects négatifs de la mondialisation ne constituait pas en soi un but fédérateur, concluant à la nécessité pour ce mouvement syndical de prendre le temps de redéfinir entièrement ses orientations ;

- observant que les organisations syndicales ne faisaient qu'apparaître dans les pays en voie de développement et les pays émergents, elle a considéré qu'elles auraient nécessairement besoin du renfort d'organisations internationales sectorielles pour parvenir à se faire réellement entendre sur la scène mondiale ;

- estimant que ces mouvements seraient à eux seuls insuffisants pour affaiblir durablement l'influence des éléments extrémistes, elle a souligné que la manière dont il était fait état des dérives de la mondialisation pouvait aussi bien porter à la radicalisation que redonner de l'espoir, sans rien nier pour autant de la réalité ;

- voyant dans le dossier des OGM un parfait exemple de cette ambiguïté, elle a estimé que le débat, de nature scientifique autant que sociétale, se poursuivait et donnait lieu à des rapports de force mouvants. Disant se refuser, à titre personnel, à nier le besoin d'OGM tout comme à accepter de tout ouvrir aux OGM, elle a indiqué que ses procédures de notation prenaient en compte le fait, pour une entreprise, d'avoir pris conscience des enjeux du débat et cherché à y apporter des solutions adaptées.

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