Intervention de Jean-François Dehecq

Mission commune d'information sur la notion de centre de décision économique et les conséquences qui s'attachent, dans ce domaine à l'attractivité du territoire national — Réunion du 15 mars 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-François deHecq président de sanofi-aventis

Jean-François Dehecq :

a tout d'abord rappelé que Sanofi-Aventis, n° 3 mondial de l'industrie pharmaceutique et première entreprise du monde pour ce qui concerne les vaccins, était née en 1973 au sein du groupe Elf, de sa volonté et de celle de M. René Sautier. Ceux-ci ont proposé à M. Pierre Guillaumat, alors président d'Elf, qui souhaitait diversifier cette société pétrolière, d'intervenir dans l'industrie pharmaceutique française à une heure où ses principaux représentants rencontraient de sérieuses difficultés. Il a insisté sur le fait que l'origine même de son groupe s'inscrivait donc dans une logique d'intérêt national, M. Pierre Guillaumat et lui-même ayant alors jugé essentiel pour l'avenir du pays qu'il conserve une capacité industrielle dans le domaine pharmaceutique.

Puis, après avoir brièvement retracé l'histoire de l'expansion de son groupe, à l'échelle européenne au cours des années 1980 puis à l'échelle mondiale à partir des années 1990, il a décrit la bataille difficile ayant abouti à la constitution de Sanofi-Aventis, en 2004, et à la localisation de son principal centre de décision économique en France, estimant que l'implantation du siège d'Aventis à Strasbourg, sa cotation à la bourse de Paris et le soutien des pouvoirs publics français avaient constitué des facteurs-clé de succès.

a ensuite expliqué qu'il considérait que la localisation en France du principal centre de décision économique de son groupe avait d'importantes conséquences, en particulier en termes :

- d'investissements de recherche, Sanofi-Aventis ayant un budget de recherche supérieur à celui du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), et plus de la moitié de ses centres étant localisés sur le territoire national ;

- de fiscalité, Sanofi-Aventis étant l'un des tout premiers contributeurs à l'impôt sur les sociétés ;

- plus globalement, d'activité et d'emploi, Sanofi-Aventis ayant fait le choix « national » de localiser en France sa chimie pharmaceutique, qui porte l'essentiel de la valeur ajoutée du groupe et une part importante de sa production pharmaceutique, alors que la France représente moins de 15 % de ses ventes.

a alors élargi son propos pour déplorer la désindustrialisation de la France et de l'Europe, soulignant l'importance pour un pays de conserver sur son sol une activité industrielle significative, estimant que la recherche et le développement « suivaient les usines ». Pour ce qui concerne son propre groupe, il a déclaré fabriquer une partie de sa production à l'étranger, notamment dans les pays en voie de développement, mais uniquement afin de fournir des médicaments auxdits pays, et non afin d'alimenter à bas prix les marchés occidentaux, contrairement à certains de ses concurrents.

Puis, après avoir fait apparaître le caractère éminemment politique des choix de santé de chaque pays, et souligné combien les dépenses de santé étaient appelées à croître du fait du vieillissement de la population, il a considéré qu'un système totalement libéral de santé était un « mythe » et qu'il convenait, dès lors, que la France et l'Europe défendent leur industrie pharmaceutique.

a conclu son propos introductif en expliquant que la conservation de sièges sociaux, même d'entreprises très internationalisées, était très importante pour un pays, car il s'agit du lieu où s'effectuent les grands arbitrages de la vie d'un groupe, en particulier en matière d'investissements. Il a alors mis en exergue la nécessité pour la France d'abriter le centre de décision économique d'une société telle que la sienne si elle souhaitait conserver à long terme une activité industrielle significative, observant, à cet égard, que les caractéristiques de l'industrie pharmaceutique en faisaient une des rares activités susceptibles de demeurer en Europe, sa « délocalisation » à ce jour se faisant au profit du territoire américain, et non des pays à bas coûts.

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