Monsieur le ministre, nous abordons un point important de votre texte.
En effet, l’article 1er retranscrit à peu de choses près dans le code du travail les dispositions de la position commune relatives aux sept critères cumulatifs de la représentativité, critères qui ont été rénovés, conformément à un avis du Conseil économique et social de 2006, et qui ne peuvent que renforcer la légitimité des partenaires sociaux, acteurs de la négociation.
L’article 1er redéfinit donc des critères de représentativité devenus obsolètes – c’est peut-être l’un des rares points sur lesquels nous pourrons être en accord, mes chers collègues ! – si l’on considère l’évolution de notre société depuis le 11 février 1950, date à laquelle ces critères ont été définis.
En intégrant les critères de l’« audience » et de l’« ancienneté », il est mis fin à l’hégémonie des cinq syndicats, laquelle découlaient d’un arrêté datant de 1966, et à leur représentativité institutionnelle, qui était, de fait, déconnectée des réalités de l’entreprise.
Cet article 1er est aussi un gage du pluralisme syndical, car il met l’ensemble des syndicats sur un pied d’égalité, dans la mesure où les mêmes critères seront appliqués à tous.
En outre, il donne légitimement aux salariés un réel pouvoir démocratique En effet, c’est désormais leur vote qui sera déterminant pour la négociation et la fixation des normes sociales.
Très attendue par le monde syndical et les salariés, la refonte des critères de représentativité permettra aux syndicats d’asseoir leur légitimité, de rester connectés avec leur base et donc d’être plus efficaces. Profondément attachés aux droits des salariés, nous ne pouvons qu’être en accord avec une telle disposition.
Il nous semble toutefois que cet article manque de précision et peut, en cela, être source de diverses interprétations, donc de contentieux.
Il en est ainsi du critère du « respect des valeurs républicaines », dont la position commune avait d’ailleurs précisé le contenu, et du critère relatif à l’ancienneté.
Aussi, dans un souci de clarté, nous espérons que nos amendements de précisions seront adoptés.