La mission a ensuite procédé à l'audition de M. François Malye, auteur de « Amiante : 100.000 morts à venir ».
a insisté sur la difficulté de l'enquête qu'il avait menée pendant dix ans sur l'amiante et qui couvre un champ extrêmement large, épidémiologique, environnemental, juridique et politique. Il a constaté que l'amiante était la seule affaire de santé publique qui n'avait toujours pas été jugée, alors que la dimension pédagogique de la sanction pénale serait extrêmement importante. Il a souligné, sur un plan général, l'accroissement du poids des industriels du fait de la mondialisation et a cité la responsabilité des industries agro-alimentaires dans le phénomène de l'obésité infantile, longtemps circonscrit aux Etats-Unis mais qui se développe désormais en Europe. Livrant son sentiment personnel, il a estimé que le procès pénal de l'amiante aurait bien lieu, puisqu'il s'agit du plus gros scandale de santé publique survenu en France.
Il a également mis en évidence le volet économique et financier de l'affaire, dont le coût, très élevé, allait continuer de croître, tant en ce qui concerne la prise en charge médicale et l'indemnisation des victimes que les opérations de désamiantage, financées par l'Etat, notamment sur le site de Jussieu, la sécurité sociale et le secteur privé, comme dans le cas de la Tour Montparnasse.
Il a rappelé que 15 % à 20 % des victimes n'avaient pas eu de contact professionnel avec l'amiante et a relevé que les seules mises en examen visaient aujourd'hui les responsables universitaires du site de Jussieu. Enfin, il a qualifié de « catastrophiques » les incidences de la « loi Fauchon » dans le dossier de l'amiante, les décisions de justice pouvant être très différentes selon les juridictions, et a estimé que cette loi aurait un effet dissuasif en termes de dépôt de plaintes.