Intervention de Bruno Grouès

Mission commune d'information sur les politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion — Réunion du 5 février 2008 : 1ère réunion
Audition de Mm. Arnaud Vinsonneau adjoint au directeur général chargé des relations institutionnelles bruno grouès conseiller technique et Mme Jeanne Dietrich chargée de mission au pôle « lutte contre les exclusion » de l'union nationale interfédérale des oeuvres et organismes sanitaires et sociaux uniopss

Bruno Grouès :

a ensuite évoqué la création en 1985, alors que le phénomène des travailleurs pauvres prenait de l'ampleur, de la Commission de lutte contre la pauvreté de l'UNIOPSS, qui rassemble 40 associations nationales. En 1994, le Premier ministre a décidé de faire de la lutte contre la pauvreté une grande cause nationale. Dans ce cadre, la Commission de lutte contre la pauvreté a bénéficié de crédits importants et a pris le nom de « collectif ALERTE ».

L'UNIOPSS a participé à l'élaboration de plusieurs grandes avancées législatives : revenu minimum d'insertion (RMI), couverture maladie universelle (CMU), loi solidarité et renouvellement urbain (SRU). Ayant constaté l'échec de ces efforts pour résorber le noyau dur de la pauvreté, le collectif réfléchit à présent à un traitement mettant davantage l'accent sur les causes du phénomène, parmi lesquelles le chômage est l'une des principales.

Le collectif ALERTE a ainsi décidé de travailler avec les partenaires sociaux et un accord a été trouvé en décembre 2007 sur un texte relatif à l'insertion économique. Cet accord fixe comme objectif principal l'accès de toutes les personnes en situation de précarité à un emploi permettant de vivre dignement. M. Bruno Grouès a estimé que l'acceptation par les partenaires sociaux de la nécessité d'un emploi de bonne qualité constituait une avancée remarquable, tout comme la reconnaissance d'une responsabilité sociétale des entreprises. L'accord met également l'accent sur la lutte contre l'échec scolaire, l'amélioration de la formation et la lutte contre l'illettrisme. Deux thèmes de négociation ont en outre été choisis pour l'année 2008 : la lutte contre la pauvreté économique et la participation des personnes défavorisées aux décisions qui les concernent.

Concernant le revenu de solidarité active (RSA), l'UNIOPSS est favorable au principe de la valorisation du travail. Toutefois elle craint qu'il en résulte une « dualisation » des pauvres, c'est-à-dire une différenciation trop importante des revenus minimaux entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas.

L'idée est en effet très répandue que, seules, les personnes ayant un emploi seraient méritantes, alors même qu'en règle générale la cause du chômage persistant des personnes en difficulté réside dans leur niveau de qualification insuffisant ou la dégradation de leur état de santé psychique consécutif aux épreuves qu'elles ont traversées. Ainsi le RMI a-t-il déjà perdu beaucoup de pouvoir d'achat par rapport au SMIC au cours des dernières années. L'UNIOPSS souhaite que ce minimum social soit indexé sur une valeur indiscutable, d'autant plus que sa récente départementalisation peut laisser craindre que l'Etat ne veuille plus l'augmenter.

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