a rappelé que l'Iran se trouve au centre d'une région caractérisée par une évolution géopolitique constante. Ainsi, le nombre de ses voisins est passé de cinq à quinze depuis 1919. La population iranienne est persanophone et majoritairement chiite et, à l'échelle du monde, le nombre de chiites atteint environ 196 millions et celui des persanophones à environ 164 millions. Ces deux composantes se sont réunies, dès 1501, pour constituer le premier gouvernement national et religieux persan-chiite. La Perse a, de longue date, tissé des liens avec l'Europe, en particulier pour contrer l'expansionnisme ottoman.
a explicité la logique de la diplomatie iranienne, qui se fonde sur une politique d'équilibre destinée à obtenir ou préserver la paix. Quelles que soient les situations historiques (guerres mondiales, guerre froide, crise pétrolière, Révolution islamique), l'Iran n'a jamais choisi de s'allier avec une puissance étrangère particulière.
Le chargé d'affaires a rappelé que l'Iran, depuis un siècle, avait dû s'adapter à un environnement perturbé. Aujourd'hui, le pays relève le défi d'une forte concentration urbaine, de l'éducation de sa population, d'une importante croissance économique et, enfin, d'une démographie en augmentation. Les besoins énergétiques de l'Iran sont donc croissants. Le pays a fait le choix de l'énergie nucléaire, dans la mesure où les ressources fossiles sont limitées et consacrées essentiellement aux investissements nécessaires pour les industries de transformation ainsi qu'à la production du combustible nécessaire aux transports intérieurs.
a souligné que l'Iran constituait une puissance nucléaire pacifique qui avait adhéré, dès 1958, à l'Agence internationale de l'énergie atomique et, dès 1969, au Traité de non-prolifération nucléaire. Le programme nucléaire iranien, commencé en 1970, a été marqué, en 1974, soit cinq ans avant la Révolution islamique, par la création de l'usine de conversion de l'uranium à Ispahan et, en 2000, par la construction des installations d'enrichissement de Natanz. Ce programme nucléaire pacifique a été affecté par l'annulation unilatérale des contrats, par certains des pays européens, au mépris des besoins énergétiques iraniens ; la méfiance s'est donc installée dans le processus de négociation entre l'Iran et les pays maîtrisant la technologie nucléaire.
Depuis mars 2003, date à laquelle le Président de la République Islamique d'Iran a déclaré que les chercheurs iraniens avaient acquis le savoir nucléaire, le programme nucléaire de ce pays fait l'objet d'un débat hautement politique. En octobre 2003, par la déclaration de Téhéran, l'Iran a accepté de suspendre, volontairement et momentanément, à tout enrichissement d'uranium et à accroître sa coopération avec l'AIEA pour lever certaines ambiguïtés. En contrepartie, les pays de la troïka européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne) se sont engagés à dissiper les inquiétudes sécuritaires iraniennes (sécurité régionale, menaces terroristes, protection des frontières contre la mafia de la drogue, immigration illégale) et à coopérer avec l'Iran dans le programme nucléaire pacifique pour le développement économique du pays et de la région. Toutefois, l'Iran, bien qu'ayant pratiqué une politique de transparence, a été déçu, en particulier, de ce que, jusqu'au 8 août 2005, la partie européenne n'avait toujours pas présenté, le projet exhaustif de coopération, annoncé dans la Déclaration de Paris du 15 novembre 2004, et ce retard était un manquement à la Déclaration de Paris.
L'unilatéralisme européen qui a marqué ces négociations et le mépris des préoccupations iraniennes pour un développement nucléaire pacifique expliquent qu'en novembre 2005, l'usine d'Ispahan ait commencé la conversion d'uranium et qu'en janvier 2006 des activités de recherche aient débuté, sur un certain nombre de centrifugeuses de laboratoires d'essais. Les négociations irano-européennes, relancées à l'initiative iranienne, n'ont pas abouti à ce jour. Quant à la récente proposition russe, la première version de cette proposition entraînait l'appropriation par la Russie du savoir des scientifiques iraniens, ce qui n'est pas envisageable, aussi les négociations ont commencé avec la Russie et se poursuivent toujours. Selon les diplomates européens le dernier événement marquant de ce dossier est le « dialogue de sourds » du 4 février 2006, à l'issue duquel l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique a émis une résolution dans son rapport sur le dossier iranien à l'intention du Conseil de sécurité.