a rappelé que, pour sa part, il avait au contraire, dès la première audition de la ministre par la commission, exprimé son désaccord avec son appréciation de la crise car on disposait déjà d'informations rassurantes sur l'évolution de la situation dans l'hémisphère sud.
Le Gouvernement donne l'impression d'avoir surestimé en permanence les risques liés à l'épidémie. La ministre juge que les commandes françaises de vaccins correspondent à la prise d'un risque mesuré : elles se traduisent, en fait, par des stocks démesurés. On peut donc se demander si les choix opérés par la ministre ne relèvent pas, à côté des raisons éthiques avancées et du souci de protéger la population, de celui de se protéger également elle-même, ce que l'on peut d'ailleurs tout à fait comprendre, car il est plus risqué d'être traduit devant la Cour de justice de la République que d'encourir la censure de la Cour des comptes.
Objectivement, cependant, il est clair que l'on en a fait beaucoup trop. Le HCSP a émis en juillet, avant les commandes de vaccins, des doutes sur la virulence de la pandémie et il a relevé, le 7 septembre, la létalité modérée de la grippe A (H1N1). Il est donc regrettable que le ministère ait plutôt écouté ceux qui dramatisaient la situation et évoquaient la perspective de 10 000 à 30 000 morts.
Dès le mois d'août, il apparaissait que l'épidémie était moins grave que la grippe saisonnière. Si l'on parle aujourd'hui de deuxième, voire de troisième vague de l'épidémie, n'est-ce pas simplement pour écouler les stocks de vaccins ?
Pourquoi, compte tenu de l'incertitude sur l'importance et la gravité de l'épidémie, n'avoir pas prévu de clauses optionnelles permettant de réduire, si nécessaire, les quantités de vaccins commandées ?
S'est-on seulement interrogé sur la possibilité matérielle de vacciner la totalité de la population, ce qui n'a jamais été fait dans aucun pays ? Il était prévu de vacciner 30 millions de personnes avant la fin de février : c'était totalement irréalisable et cela l'aurait été tout autant si la grippe avait été plus grave. Pourquoi, par conséquent, avoir commandé autant de vaccins ? Pourquoi, également, le directeur général de la santé veut-il obliger les médecins à prescrire des antiviraux, et notamment de l'oseltamivir, c'est-à-dire du Tamiflu ? Le British Medical Journal a récemment réaffirmé l'inefficacité de ce produit, dont on sait depuis longtemps que le service médical rendu est contestable et qui a, par ailleurs, des effets secondaires non négligeables. Si l'on veut le distribuer gratuitement dans les pharmacies, est-ce pour écouler des stocks de Tamiflu qui seront bientôt périmés ?
En conclusion, M. François Autain a indiqué que le groupe politique auquel il appartient demandera la création d'une commission d'enquête sur la gestion gouvernementale de l'épidémie de grippe et sur le rôle joué par l'industrie pharmaceutique.