Intervention de Michèle Alliot-Marie

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 6 février 2007 : 1ère réunion
Audition de Mme Michèle Alliot-marie ministre de la défense

Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense :

En réponse, Mme Michèle Alliot-Marie a apporté les précisions suivantes :

- les efforts accomplis, pour que les industries d'armement proposent des coûts « justes », découlent de la nécessité d'une utilisation optimale des deniers publics. Il faut d'ailleurs relever que les industries de ce domaine sont prospères, y compris Nexter, l'ancienne GIAT, qui a été utilement restructurée. Ces entreprises ont besoin d'une visibilité que leur apporte la loi de programmation militaire, pour peu qu'elle soit respectée. La tendance naturelle des armées et des industries à une sophistication toujours accrue des équipements doit être modérée, au vu des besoins exprimés par les troupes présentes sur le terrain, qui réclament avant tout des matériels endurants et d'un entretien facile ;

- la défense européenne a beaucoup avancé ces cinq dernières années. L'impulsion française a été déterminante pour le développement de ses structures et de ses capacités ;

- le premier devoir d'une nation est de protéger son territoire et sa population ; aussi bien l'objectif de 2 % du PIB consacré à l'effort de défense semble-t-il un niveau raisonnable pour les pays membres de l'Union européenne. Cependant, seuls la France, le Royaume-Uni et la Grèce réalisent actuellement cet objectif ;

- la disponibilité du ministère de la défense pour fournir aux parlementaires toutes les informations souhaitées a été totale, sous réserve naturellement des nécessités de la sécurité nationale. Les décisions, en revanche, relèvent du seul Président de la République, chef des armées ;

- la vision multipolaire du monde, défendue par la France, est cohérente avec l'émergence d'une Europe de la défense, qui constitue d'ailleurs un des pôles. La tendance américaine à l'unilatéralisme, apparue après 1989, se heurte aux réalités géopolitiques ; le président Bush a, de façon éloquente, récemment évoqué un monde animé par des « pôles multiples » ;

- la situation sur le terrain afghan est moins dramatique que ne le relatent les moyens d'information occidentaux. Il est cependant indéniable que la coalition se heurte à une triple hostilité venant des trafiquants de drogue, des talibans et des populations locales, déçues de ne bénéficier d'aucune amélioration dans leur vie quotidienne ;

- la France a effectivement décidé le retrait de ses forces spéciales d'Afghanistan ; ce retrait s'est fait au profit d'un soutien accru à la formation de l'armée afghane. De même, au Liban, la France participe à la FINUL renforcée, et contribue simultanément à un renforcement de l'armée nationale ;

- le continent africain est, certes, affecté par de nombreuses crises, mais notre pays ne doit pas y remplir le rôle de gendarme. On constate en effet, parallèlement à la mondialisation, une résurgence des fiertés nationales qui pousse les peuples à manifester une réserve croissante à l'égard des interventions occidentales, surtout lorsqu'elles ne découlent pas de décisions de l'ONU ;

- les armées sont, avant tout, vouées au combat, mais les caractéristiques propres à l'armée française la conduisent parfois à accompagner ses missions offensives d'aide ponctuelle aux populations locales. Ainsi, les forces présentes à Douchanbé ont-elles contribué à la réfection d'un orphelinat. Le ministère de la défense ne saurait néanmoins se substituer au ministère des affaires étrangères pour mener l'ensemble des actions réclamées par les sorties de crise. Sur le territoire national, seules les armées disposent de la réactivité et de la disponibilité nécessaires en cas de catastrophes majeures, comme de graves inondations, des feux de forêt d'ampleur, ou des pollutions maritimes. Cependant, une armée professionnelle ne doit intervenir que lorsque des éléments vitaux de la nation sont en jeu.

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