... des Français, effectivement, en fonction de tels ou tels intérêts particuliers.
C'est dire que, concrètement, l'application de ce seul principe, sans qu'elle ait été précédée d'une certaine harmonisation des législations nationales et entourée de dispositifs permettant de préserver notre modèle culturel et social européen, reviendrait à faire de l'Europe le simple cadre de l'organisation d'un marché unique et de libre concurrence.
Au contraire, l'application de la méthode communautaire traditionnelle, qui consiste en une harmonisation minimale ou optimale avant l'application d'une clause de marché intérieur, correspondrait à l'objectif essentiel de l'Union européenne, à savoir sa construction en tant qu'entité politique et non pas exclusivement en tant que marché de libre concurrence.
Dans cette optique, le rôle de notre assemblée, aujourd'hui et plus encore demain, doit être, me semble-t-il, de suggérer, en liaison et en harmonie avec l'ensemble des institutions compétentes et dans un esprit de pragmatisme et de bon sens, des améliorations, en tenant compte des aspirations collectives nationales, tout en conduisant une démarche d'intégration, à laquelle nous invite la future constitution.
Non, mes chers collègues, il ne faut pas faire table rase des traditions et des législations nationales qui les traduisent. Non, notre assemblée ne peut pas renoncer à édifier, comme notre pays l'a fait depuis cinquante ans, un corpus de droit économique européen. Non, comme l'a dit M. Bizet, nous ne devons pas contraindre notre esprit et notre capacité de compétitivité et de création d'emplois.
Oui, le marché des services est nécessaire. Oui, sa mise en place est de l'intérêt de l'Europe et de la France. Oui, madame la ministre, nous avons besoin d'une législation sur les services. Oui, il est nécessaire d'essayer autant de solutions que possible, jusqu'au succès de nos propositions, car, à l'heure actuelle, rien n'est inscrit dans le marbre et tout peut évoluer.
C'est la raison pour laquelle, en conciliant l'ensemble des observations que j'ai formulées tout à l'heure, il convient, me semble-t-il, que notre proposition de résolution amène à demander l'abandon de la seule application du principe du pays d'origine, au profit de dispositions alliant reconnaissance mutuelle et mise en oeuvre du principe du pays d'origine après harmonisation.
Cela signifie, concrètement, que si une entreprise de travail temporaire lettonne vient opérer en France, elle devra, ce que ne prévoit pas la proposition de directive Bolkestein dans sa forme actuelle, appliquer le droit français et la directive de 1996 concernant le détachement des travailleurs effectué dans le cadre d'une prestation de services, c'est-à-dire respecter les dispositions nationales et un minimum communautaire.