Intervention de Philippe Cayla

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 28 octobre 2009 : 1ère réunion
Audition de M. Philippe Cayla président du directoire d'euronews

Philippe Cayla, président du directoire d'Euronews :

À titre liminaire, M. Philippe Cayla, président du directoire d'Euronews, a rappelé que cette société avait été créée en 1992 à l'initiative de télévisions nationales publiques européennes, réunies au sein de l'Union européenne de radiotélévision (UER). L'objectif était, à la suite de la guerre du Golfe, de contrebalancer le monopole de l'information internationale exercé par CNN. Le capital d'Euronews est détenu par vingt et un actionnaires issus du secteur de l'audiovisuel public européen entendu au sens large, puisque l'on compte parmi eux aussi bien la Russie, la Turquie que certains pays nord-africains du bassin méditerranéen.

Le principal défi pour Euronews réside désormais dans le maintien, voire la croissance, du nombre de ses actionnaires. Si les sociétés audiovisuelles publiques européennes sont d'abord et surtout investies de missions à caractère national, elles se sont associées en 1992, à l'exception notable des sociétés britannique et allemande, pour constituer une chaîne d'information internationale, principalement animée par la volonté d'apporter un éclairage européen au traitement de l'actualité internationale et d'accompagner l'émergence d'une identité européenne. Néanmoins, la faiblesse actuelle du sentiment pro-européen et les difficultés financières rencontrées par les télévisions publiques européennes conduisent à un mouvement de désaffection de la part de certains partenaires d'Euronews, qui, à la suite du retrait de l'audiovisuel public espagnol pour des raisons principalement financières, laisse craindre d'autres départs, notamment des actionnaires scandinaves.

a souligné que la chaîne se caractérisait par l'indépendance totale de sa ligne éditoriale et par une vocation multilingue sans cesse renouvelée. Euronews dispose, en effet, d'un outil technique lui permettant d'être aujourd'hui diffusée en huit langues et d'avoir ainsi accès à des sources d'information diversifiées. La société, au sein de laquelle trente-quatre langues sont parlées, emploie cinq cents personnes dont trois cent cinquante journalistes, 83 % d'entre eux maîtrisant au moins trois langues. Elle propose une quarantaine de programmes très variés, couvrant l'actualité mondiale politique, économique et sportive, offrant une gamme étendue de magazines culturels et scientifiques et intégrant systématiquement une perspective européenne dans le traitement de l'information.

Euronews s'appuie sur une vaste plateforme de diffusion multimédia (câble, satellite, ADSL, podcasts sur Internet, téléphones mobiles, etc.) et sur une diffusion simultanée en huit langues qui lui permettent de s'adresser à un marché potentiel évalué à trois milliards de personnes. La chaîne est aujourd'hui reçue par un tiers de ce marché, soit près de 300 millions de foyers dans cent cinquante pays. La diffusion d'Euronews est dite « multiplex », en cela qu'elle diffuse la même vidéo assortie, selon les régions, d'une bande audio dans l'une de ses huit langues de rédaction, partout dans le monde à travers ses trente-quatre satellites.

a indiqué que la présence d'Euronews sur le marché de l'actualité internationale s'appuyait sur un axe Nord-Sud puissant reliant l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, hérité du noyau francophone à l'origine de la constitution de la chaîne (France, Suisse et Belgique) mais considérablement diversifié et renforcé depuis l'entrée dans son capital de l'audiovisuel public turc en août 2009. Il a également relevé une percée significative d'Euronews en Amérique du Nord.

Les résultats d'audience, aussi bien quotidienne mesurée par foyer que cumulée par semaine, témoignent de la position confortable de leader d'Euronews parmi les chaînes d'information internationales en Europe, devant CNN International et BBC World, mais aussi de ses performances exceptionnelles en matière d'audience via Internet, puisqu'elle se place juste derrière CNN sur ce canal.

a mis l'accent sur la singularité d'une chaîne dont la vocation multilingue est garantie par la composition multinationale de son conseil d'administration, mais qui s'est également imposée comme un instrument exceptionnel au service du rayonnement de la francophonie. La diffusion francophone d'Euronews s'adresse ainsi à un total de 138 millions de foyers, dont 116 sont situés hors de France.

Par ailleurs, le site Internet de la chaîne compte 1,1 million de visiteurs uniques et met à la disposition de plus de deux cents pays l'intégralité de ses programmes en service de rattrapage gratuit dans ses huit langues de diffusion. Le français est ainsi la deuxième langue dans laquelle les programmes sont le plus consultés. De plus, le site participe à l'approfondissement de la connaissance d'une de ces huit langues par les téléspectateurs à partir de cours de langue gratuits basés sur le visionnage de reportages.

a insisté sur le fait que, dans ses relations avec les pouvoirs publics, la chaîne manifestait principalement un besoin de reconnaissance et de notoriété, notamment en tant que vecteur de promotion de l'identité européenne, de la diversité linguistique et de la francophonie, et dont la place est originale par rapport à l'audiovisuel extérieur français traditionnel.

Il a fait observer que, en tant que société anonyme de droit français établie en France et participant au rayonnement de la France et de la francophonie dans le monde, Euronews coûtait relativement peu à l'État français puisque la contribution de France Télévisions s'établit à 2 millions d'euros en 2009 et a vocation à passer sous la barre des 1,5 million d'euros à l'horizon 2013.

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