a indiqué que l'essentiel des activités acquises par le groupe Thales grâce à son accord avec le groupe Alcatel sont civiles, ce qui aboutira à faire de Thales un groupe équilibré, dont la moitié du chiffre d'affaires proviendra d'activités civiles et l'autre moitié d'activités militaires. Après avoir souligné que cette opération avait été préparée depuis un an, il a expliqué qu'elle aurait trois conséquences : un renforcement de Thales, dont le chiffre d'affaires consolidé passera de 10 milliards d'euros à 12 milliards d'euros ; une relance de la coopération générale entre les groupes Thales et Alcatel ; une clarification de l'actionnariat de Thales.
Sur le premier point, M. Denis Ranque a défini Thales, non comme une société de défense, mais comme une société d'électronique exerçant cette activité sur trois marchés : la défense, l'aéronautique et la sécurité. En conséquence, il a estimé que les deux activités apportées au groupe par son rapprochement avec Alcatel, c'est-à-dire les satellites et les systèmes de sécurité, renforçaient des axes stratégiques pour Thales. De plus, il a expliqué que ce rapprochement améliorerait les capacités de Thales dans les systèmes à un moment où les clients expriment de plus en plus le besoin d'avoir en face d'eux un « systémier intégrateur ». En outre, il a souligné que cet accord accentuerait la dimension mondiale de Thales, renforçant ainsi sa démarche dite « multidomestique ». En effet, les collaborateurs que Thales intégrera en son sein du fait de la reprise d'activités d'Alcatel, soit environ 11.000 personnes, sont pour 60 % d'entre eux basés à l'étranger. Enfin, il a insisté sur le renforcement des technologies duales du groupe Thales, c'est-à-dire ayant des applications civiles et militaires, grâce à ce rapprochement. Il a rappelé le très fort impact économique que peuvent avoir ces technologies, citant notamment l'exemple du réseau internet, et estimé que la dualité est, en tout état de cause, une source d'optimisation des ressources.
a ensuite expliqué que les activités apportées par Alcatel avaient été valorisées à 1,7 milliard d'euros. Il en a détaillé le financement : les deux tiers doivent être payés à Alcatel sous la forme de nouvelles actions Thales, valorisées à 40 euros, le solde, soit 673 millions d'euros, devant être versé en numéraire.
Au sujet de la fusion entre Alcatel et Lucent, il a relevé que les discussions de son groupe avec Alcatel étaient engagées bien avant l'annonce de cette fusion. Il a estimé que, sans être la cause de l'accord finalement intervenu, celle-ci l'avait peut-être accéléré, les pouvoirs publics pouvant être « rassurés » par le maintien des activités transférées à Thales dans un groupe à l'actionnariat majoritairement européen.
Par ailleurs, M. Denis Ranque s'est réjoui de la relance, « depuis un an ou deux », de la coopération générale entre les groupes Thales et Alcatel. Expliquant qu'un accord de coopération avait été signé entre eux en 1998, il a reconnu que son application avait été tout d'abord difficile, du fait des tensions engendrées par la « bulle internet » dans un premier temps, puis par l'explosion de cette bulle. Il a indiqué que cette coopération comporte trois volets : un volet technique, les deux groupes vendant des produits différents à des clients différents mais utilisant les mêmes technologies ; un volet commercial, Thales pouvant faire bénéficier Alcatel de sa forte présence sur plusieurs marchés européens et bénéficier en retour de la puissance commerciale d'Alcatel dans des pays comme les Etats-Unis ou la Chine ; un volet industriel, pouvant, par exemple, se traduire par un rapprochement de fonctions comme les achats.
Enfin, au sujet du tour de table de son groupe, M. Denis Ranque s'est félicité que le « climat délétère » datant du « coup de tabac » de novembre 2004, au moment où l'actionnariat de Thales semblait peu stable et où des rumeurs évoquaient avec insistance un rapprochement avec le groupe EADS, ait été surmonté. Il a estimé que la situation s'était désormais clarifiée, Alcatel devant passer de 9 % à 21,6 % du capital et l'Etat revenir de 32 % à 27,1 %. Il a souligné que, dans ces conditions, le groupe Dassault, qui possède 5,1 % du capital de Thales, pourrait, s'il le souhaitait, céder sa participation sans mettre en danger la stabilité du groupe. Au sujet des intentions prêtées au groupe EADS de fusionner avec Thales, il a relevé que, grâce aux dispositions de la loi n° 2006-387 du 31 mars 2006 relative aux offres publiques d'acquisition (OPA), un acquéreur potentiel ayant déclaré ses intentions devrait prendre publiquement une décision de lancement ou non d'une OPA, ce qui permettra à l'avenir de faire taire des rumeurs non fondées.
Un large débat s'est alors instauré.