Répondant tout d'abord à la première question de M. Philippe Marini, M. Denis Ranque a indiqué que le contrôle aérien était encore assuré en France par des fonctionnaires, alors que dans la plupart des pays du monde, ce service est assuré par des agences contrôlées par l'Etat, voire par des acteurs privés. Il a estimé que seule la réglementation de ce contrôle entrait dans le champ des compétences régaliennes de l'Etat et non cette opération proprement dite, qui constituait une pure activité de services.
Puis il a relevé qu'au sein des fonctionnaires de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), une équipe était plus particulièrement chargée de l'action industrielle, comme par exemple le développement des logiciels. Il a jugé que cette activité n'avait plus vocation à être opérée par l'Etat, soulignant que Thales, qui est le leader mondial sur ce marché avec le groupe américain Raytheon, avait dû se battre sans disposer d'un marché domestique, sauf pour quelques produits comme les radars. Notant que la DGAC se réorganisait en distinguant ses tâches régaliennes de ses autres activités, il a proposé que des ingénieurs de la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA), soit moins de 70 personnes, puissent intégrer progressivement une structure de groupement commune avec Thales, afin de renforcer le savoir-faire français dans le cadre des enjeux liés au ciel unique européen.
Ensuite, répondant à la question de M. Philippe Marini sur la coopération de son groupe avec Finmeccanica, M. Denis Ranque a souligné la différence de nature entre cette alliance et le rapprochement entre Thales et Alcatel. Il a expliqué qu'il s'agissait désormais de renforcer des joint-ventures communes aux deux groupes dans les domaines suivants, deux d'entre elles résultant des apports d'Alcatel dans Thales :
- la protection des avions contre les radars adverses, dans le cadre de la société Elettronika qui existe depuis 1996, détenue à 31,33 % pour Thales et aux deux tiers pour la partie italienne, dont 33 % pour Finmeccanica ;
- la construction de systèmes satellites civils et militaires, dans le cadre d'Alcatel Alenia Space, joint-venture qui sera dorénavant détenue à 67 % par Thales et à 33 % par Finmeccanica ;
- les services satellitaires, dans le cadre de Telespazio, joint-venture qui sera détenue à 33 % par Thales et à 67 % par Finmeccanica.
Au sujet de l'avenir de cette alliance, M. Denis Ranque a indiqué que Finmeccanica semblait disposé à apporter à Thales son activité d'électronique de défense, moyennant une entrée du groupe au capital. Il a estimé qu'une telle alliance permettrait de constituer un ensemble particulièrement solide, leader mondial dans de nombreux domaines et parfois en position de quasi-monopole en Europe. Il n'a toutefois pas voulu prendre position sur le fond, jugeant que sur de nombreux marchés, la constitution d'un monopole risquerait d'être à terme un handicap aussi bien pour les clients que pour le groupe lui-même.
Enfin, M. Denis Ranque a évoqué le marché du contrôle des frontières saoudiennes. Il a souligné que ce marché, d'environ 7 milliards d'euros, comportait une très forte dimension politique et géostratégique, ce qui explique l'évolution très lente du dossier.