Intervention de Josselin de Rohan

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 8 décembre 2009 : 1ère réunion
64e assemblée générale des nations unies — Communication

Photo de Josselin de RohanJosselin de Rohan, président :

a précisé que la France et le Royaume-Uni avaient conjointement formulé plusieurs propositions pour améliorer le fonctionnement des opérations de maintien de la paix : assurer un meilleur suivi politique des opérations par le Conseil de sécurité, renforcer la chaîne de commandement, contenir les coûts. Il a également signalé que la Chine et la Russie n'envisageaient pas, pour l'instant, de contribuer significativement à ce type d'opérations.

Il a aussi rappelé que la Russie avait opposé son veto, au mois de juin, à la prolongation de la mission d'observation en Géorgie (MONUG), provoquant le retrait, l'été dernier, des 130 observateurs militaires de l'ONU.

La délégation a rencontré Sir John Holmes, secrétaire général-adjoint aux affaires humanitaires, qui a dressé un panorama assez préoccupant des tendances qui se manifestent en la matière. On compte aujourd'hui 11 millions de réfugiés et 26 millions de déplacés internes, mais ce nombre ira en augmentant en raison des conflits, des conséquences des changements climatiques, facteurs de multiplication des catastrophes naturelles, de la croissance démographique, de l'urbanisation et des tensions sur les ressources alimentaires. Une seconde tendance inquiétante tient aux difficultés d'accès pour l'assistance internationale du fait des réticences des gouvernements et des groupes armés, mais également de la multiplication des prises à partie des personnels humanitaires, comme on le voit en Afghanistan.

Les Nations unies souhaiteraient pouvoir réorienter l'aide humanitaire vers des politiques préventives - par exemple des programmes sur l'habitat ou l'environnement qui permettraient de limiter l'impact des catastrophes naturelles - ou vers le renforcement des capacités locales, mais la priorité restera aux besoins d'assistance immédiats.

a indiqué que la délégation avait été directement interpellée par M. Ban Ki-moon sur le fait que la France avait été le seul pays de l'Union européenne à ne pas contribuer en 2009 au Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires (CERF). Il s'est félicité que, à la suite d'un amendement de la commission au projet de loi de finances, le Gouvernement, par la voix de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat chargé de la coopération et de la francophonie, se soit engagé à rétablir cette contribution en 2010.

Les entretiens de la délégation ont également porté sur les principales crises régionales.

En ce qui concerne l'Afrique, quatre principaux sujets d'actualité ont été évoqués :

- la Guinée, à propos de laquelle la France est intervenue au Conseil de sécurité au lendemain même des massacres et exactions du 28 septembre 2009 ; le secrétaire général des Nations unies a mandaté une commission d'enquête internationale qui s'est rendue sur place il y a quelques jours ;

- la Côte d'Ivoire, où les élections, initialement prévues pour le 29 novembre, ont été reportées à la fin du mois de février ou au début mars 2010, en vue de finaliser l'établissement des listes électorales ; la perspective de ce scrutin, quatre ans après la fin officielle du mandat de M. Laurent Gbagbo, permet d'envisager un retrait de l'ONUCI et de la force Licorne où la France déploie encore plus de 900 hommes ;

- la République démocratique du Congo, confrontée à une situation toujours très dégradée dans la région du Kivu, frontalière du Rwanda ; la mise en place d'une opération européenne d'appui à la formation de l'armée et de la police a été évoquée par plusieurs interlocuteurs de la délégation ;

- enfin, le Sud-Soudan où l'on constate un regain de tension, à l'approche des élections générales soudanaises d'avril 2010 et du référendum d'autodétermination prévu en janvier 2011 ; selon nombre d'interlocuteurs de la délégation, tous les ingrédients sont réunis pour le déclenchement d'un nouveau conflit dans cette région autonome, riche en pétrole mais en tirant peu de bénéfice ; les Nations unies déploient une force de 10 000 hommes au Sud-Soudan et il pourrait être envisagé de la renforcer.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion