Intervention de Didier Boulaud

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 14 juin 2011 : 1ère réunion
Situation au moyen-orient — Audition de M. Alain Juppé ministre d'etat ministre des affaires étrangères et européenne

Photo de Didier BoulaudDidier Boulaud :

J'aimerais vous interroger sur l'avenir des nos militaires déployés en Afghanistan. Je reviens de Kaboul et de Kandahar. En Surobi, la situation est à peu près stabilisée, et l'on peut espérer passer à la phase 2 du processus de transition. J'ai rencontré le général américain qui commande les opérations, l'ambassadeur de France et le général Fugier, chef d'état-major. De l'avis à peu près général, il serait possible de retirer nos troupes de Surobi pour les transférer en Kapisa ; mais le général américain ne m'a pas laissé grand espoir. La décision de faire passer une région d'une phase à l'autre appartient formellement au Président Karzaï, qui consulte naturellement le général Petraeus. Les États-Unis ne cherchent-ils pas à nous empêcher de retirer nos troupes, alors même que le Président Obama s'apprête à annoncer un retrait de troupes américaines dont nul ne connaît encore l'ampleur -5000 soldats ? 10 000 ? 15 000 ? La France attendra-t-elle la décision américaine pour rapatrier quelques centaines de soldats ? Ce suivisme m'inquiète. On dit d'ailleurs que les Américains envisagent de rattacher le nord de la Kapisa à un autre secteur, ce qui serait une grave erreur, car le gouverneur actuel, qui est pourtant un tadjik, délaisse le sud tadjik du secteur ; ce sera pire encore en cas de partition.

Parmi les membres du Conseil de sécurité, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud ne nous aident guère. N'est-ce pas par rétorsion, parce qu'on leur refuse un siège permanent ?

M. Panetta, directeur de la CIA, s'est rendu récemment au Pakistan où il a sans doute noué des contacts avec les renseignements pakistanais. Dans le même temps, le Président Karzaï a demandé aux dirigeants pakistanais de faciliter ses pourparlers avec les talibans. Sommes-nous associés à ces initiatives ? Il semble que, dans cette « guerre américaine », comme l'ont appelée beaucoup de mes interlocuteurs, chacun agisse à sa guise et sans trop se concerter avec ses alliés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion