En préalable, je souhaiterais préciser que je suis venu accompagné d'Yves Rolland, secrétaire général du groupe, de Claude Esclatine, directeur du réseau outre-mer et de France Ô, de Martin Ajdari, directeur général délégué aux moyens, de Patrice Papet, directeur général délégué aux ressources humaines, d'Eric Scherer, directeur de la stratégie numérique, de Bertrand Mosca, directeur de France 2, de Laurent Corteel, directeur du projet régional de France 3 et d'Anne Grand d'Esnon, directrice des relations institutionnelles.
J'évoquerais tout d'abord brièvement l'exécution du COM en 2010 pour indiquer que l'ensemble des obligations prévues par ce contrat ont été respectées. Par exemple, alors que le COM prévoyait la diffusion de 365 programmes culturels en première partie de soirée, il en a été diffusé 742 au cours de l'année. Par ailleurs, la création audiovisuelle a bénéficié de 385 millions d'euros, là où le contrat en prévoyait 384 millions, tandis que plus de 60 millions d'euros ont été consacrés au cinéma, l'obligation contractuelle de dépense s'établissant à 57,6 millions.
Enfin, en matière de programmes sportifs, nous avons permis la découverte de 111 disciplines, excédant ainsi largement le chiffre de 70 prévu dans le contrat comme un minimum à atteindre. C'est un point très important pour le monde du sport, dans la mesure où les chaînes privées ont tendance à se concentrer sur un nombre restreint de disciplines, à commencer bien entendu par le football.
Tout ceci constitue autant d'éléments de différenciation du service public par rapport aux autres chaînes de télévision.
J'en viens maintenant aux aspects financiers pour vous indiquer que, pour l'exercice 2011, nos comptes sont à l'équilibre et ce, malgré la baisse que nous avons acceptée de 28 millions d'euros de la subvention de l'État versée au titre de la suppression de la publicité après 20 heures.
Le maintien de cet équilibre tient à plusieurs facteurs. Il s'agit, d'une part, du niveau des recettes publicitaires qui atteint 420 à 425 millions d'euros contre 410 initialement prévus grâce à l'activité de notre régie et à l'audience commerciale de nos chaînes en journée.
Il s'agit ensuite des économies réalisées hors dépenses de programmes. Il s'agit enfin des redéploiements de dépenses auxquels nous avons procédé pour assurer la diffusion des matches de la coupe du monde de rugby, qui n'avait pas été prévue initialement.
En ce qui concerne le COM 2011-2015, je rappelle qu'il est établi sur la base d'une prévision de croissance des recettes publicitaires de 2,5 % en 2012, et d'une progression moyenne de l'ensemble de nos ressources publiques d'environ 2 % par an. Cela nous permettra d'accroître de 2,6 % l'effort consacré aux programmes, les autres dépenses étant appelées à diminuer de 5 % sur la durée du contrat. Notre volonté est en effet d'investir dans les contenus tout en parvenant à l'équilibre à la fin de cette période.
Le montant de 425 millions d'euros prévu pour les recettes publicitaires en 2012, identique à celui de 2011, est l'une des conditions essentielles de ce retour à l'équilibre. Il constitue un objectif particulièrement dynamique compte tenu, d'une part, de la situation économique globale, et d'autre part, du développement de la concurrence qui pèse sur l'audience des grandes chaînes. J'attire donc votre attention sur le fait que toute amputation de nos recettes publicitaires, comme le propose un amendement voté récemment à l'Assemblée nationale, par rapport au niveau que nous nous sommes fixé, serait particulièrement pénalisante pour la dynamique engagée par notre régie.
Quant aux ressources publiques, leur croissance de 2 % est inférieure à celle des autres entreprises de l'audiovisuel public. En effet pour l'année 2012, celle-ci est de 7,3 % pour Arte et de 3,8 % pour Radio France. Ce chiffre s'établit à 3,8 % et 3,1 % en moyenne sur la durée de COM respectifs de ces deux groupes.
Telles sont les bases sur lesquelles nous sommes parvenus à un accord qui sera formalisé par la signature du contrat le 22 novembre. Ce dernier constitue le cadre de référence dans lequel l'ensemble de l'entreprise va se mobiliser pour atteindre ses objectifs en matière d'information, de création, de télévision régionale et ultra-marine, ainsi que de développement numérique, qui sont des missions spécifiques de la télévision publique.
Pour revenir à ces différentes missions, je débuterai par la création, pour indiquer que ses moyens seront portés à 420 millions d'euros en 2012, ce qui traduit une augmentation sensible. France Télévisions devrait ainsi représenter plus de la moitié de l'investissement cumulé réalisé au profit des oeuvres de fiction, des documentaires, du spectacle vivant et de l'animation. Loin d'être vécu comme une contrainte, cet effort constitue un élément clé de notre engagement et au-delà, de la relation avec nos concitoyens. Aujourd'hui France Télévisions réalise 50 % de l'investissement dans le secteur et nous ne voyons pas cela comme une obligation, mais comme un élément clef de notre politique vis-à-vis de nos concitoyens : la télévision publique doit être le lieu de diffusion privilégié de la création, ce qui suppose que nous ayons bien les 420 millions d'euros de recettes dont j'ai parlé.
Pour ce qui est du cinéma, nous y consacrerons 60 millions d'euros pour la coproduction de 60 films chaque année. Ce soutien, qui concerne des films s'inscrivant dans des univers très différents, permet notamment aux oeuvres du cinéma indépendant français d'être à la fois financées et diffusées.
Le développement numérique constitue une composante particulièrement importante du programme sur cinq ans définit par le COM, et ce pour deux raisons essentielles. D'une part, parce que si France Télévisions souhaite constituer une offre de référence dans laquelle tous nos concitoyens puissent se reconnaître, celle-ci devra nécessairement pouvoir être accessible sur tous les écrans, ce qui inclut les téléphones de type smartphone ou les tablettes.
D'autre, part, une entreprise publique se doit, par nature, d'être à la pointe de la technologie et de l'offre de services. Telle est même, à mes yeux, l'une des conditions à remplir pour prétendre bénéficier des moyens financiers accordés par la Nation.
Nous poursuivons aussi le déploiement d'une offre régionalisée outre-mer comme en métropole. Outre-mer, nous avons lancé en décembre 2010, au moment du lancement de la TNT, neuf chaînes de plein exercice syndiquées, appelées les Outre-mer Premières. Elles doivent désormais monter en puissance.
Nous nous sommes engagés parallèlement dans le développement de programmes régionaux en veillant à ce que ceux-ci prennent une part plus grande dans la programmation et sur les antennes dans le cadre d'un plan de syndication que nous mettons actuellement en oeuvre. Dès la saison 2011-2012, 20 % des programmes seront des réalisations régionales spécifiques.
J'ajouterai que, dans la perspective des mois qui viennent, nous sommes tout à fait disposés à participer, en cas de besoin, à l'effort national d'économies susceptible de nous être demandé. Mais nous préférerions que, le cas échéant, ceci puisse résulter d'un travail commun avec la représentation nationale, comportant une réflexion sur l'évolution de nos objectifs.
Car, je le redis, le COM constitue aujourd'hui le cadre de référence dans lequel s'inscrit la dynamique de l'ensemble de l'entreprise.
S'agissant maintenant de la rentrée 2011, je rappellerai que nos grilles sont parfaitement conformes aux objectifs fixés par le COM, alors que nous avons à faire face à une concurrence accrue émanant des nouvelles chaînes diffusées sur la TNT, mais aussi par l'ADSL, le câble et le satellite où l'offre est encore plus importante.
Plus spécifiquement, les offres du service public très spécifiques en soirée sont concurrencées par des séries américaines ou des émissions de télé-réalité qui attirent un public important.
Nous estimons pour notre part, que la performance de nos programmes ne saurait être uniquement mesurée par le taux d'audience, mais qu'elle devrait intégrer d'autres critères plus qualitatifs. Lors du vote de la loi supprimant la publicité après 20 heures avait d'ailleurs été prévue l'obligation pour le service public de présenter des programmes spécifiques en terme de création, de débats, de documentaires, de magazines, ce que nous nous efforçons de faire.
Aussi souhaitons nous aborder les questions plus qualitatives ou d'utilité sociale par un baromètre que nous sommes en train de mettre en place et de tester avec une société externe, ce qui est un gage d'impartialité. Nous souhaitons être, dans les mois qui viennent, en mesure d'évoquer ces questions de performance non seulement en termes d'audience, mais aussi en terme plus qualitatifs, en nous fondant sur ce nouvel indicateur.
Dans ce contexte général, je précise toutefois que les audiences de France 5 et France 4 progressent comme celles des autres chaînes de la TNT. La première réalise une audience comprise entre 3,5 et 4 % contre 3 % en 2010, et la seconde atteint des taux supérieurs à 2 % en se concentrant sur les jeunes adultes, public que nous devons conquérir pour le fidéliser dans les années qui viennent.
En outre l'information sur France 2 et France 3 obtient des résultats qualitatifs intéressants en termes de fidélité et d'adhésion à la manière de traiter les sujets. Quant à leurs audiences, elles sont respectivement en progression et en phase de stabilisation.
En journée, l'audience de nos chaînes se maintient globalement, ce qui se traduit par nos bons résultats en matière de recettes publicitaires.
Je souhaiterais maintenant revenir sur quelques-unes des initiatives que nous avons prises à la rentrée. Pour le cinéma, nous avons, répondant à une demande importante, créé sur France 3 une soirée cinéma éditorialisée, diffusée le jeudi, et donnant lieu à la présentation de deux films commentés par des plateaux d'invités et suivis de courts métrages, renouant ainsi avec l'une des traditions de France 3.
France 4 propose aussi depuis la rentrée une soirée cinéma le dimanche soir, consacrée notamment au cinéma d'auteur. Sur France Ô, un rendez-vous hebdomadaire le lundi en soirée présente les cinémas du monde.
En matière de politique documentaire, nous avons fait un effort particulier en créant le lundi soir une case sur France 3 en deuxième partie de soirée, et une case sur France 2 le jeudi en deuxième partie de soirée.
Nous avons aussi présenté en première partie des oeuvres marquantes telles qu'Apocalypse sur France 2, consacrée à l'accession d'Hitler au pouvoir, qui a été un événement. Je songe aussi à la soirée documentaire de France 3 consacrée aux événements du 11 septembre 2001.
Nous avons travaillé sur l'identification pour chacune des chaînes avec des lignes de programme particulières, comme le développement régional sur France 3, et celui des productions propres outre-mer sur France Ô.
Enfin, pour la culture et la musique, nous avons développé de nouveaux magazines culturels sur l'ensemble de nos chaînes. Nous avons aussi créé des magazines musicaux sur France 4, France 2 ou France Ô, couvert des concerts de musique contemporaine que nous sommes en train de capter, de monter, et de diffuser sur l'ensemble de nos chaînes.
Par ailleurs, au cours de la période qui s'ouvre, nous aurons à poursuivre le travail considérable de mise en oeuvre de l'entreprise commune résultant de la fusion des différentes chaînes.
Je vous rappelle en effet que les cinq entreprises - France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO - et leurs filiales ne forment plus aujourd'hui qu'une seule société. Nous sommes en train de la bâtir en mettant en commun des moyens ainsi que des services support et des systèmes d'information.
Les conventions collectives et les accords d'entreprise étant propres à chacune des cinq chaînes, il nous revient aussi aujourd'hui la tâche considérable de parvenir, dans le cadre de la négociation en cours, à unifier l'ensemble des corps de règles ainsi que les systèmes d'organisation du travail.
Ce travail est en cours. Nous avons signé avec trois syndicats de journalistes un accord il y a quelques semaines, et nous sommes en train de négocier avec les personnels techniques et administratifs un accord du même type. Nous espérons que cela débouchera dans les prochains mois sur un accord réglant les questions de temps de travail et de classification.
Pour construire l'entreprise commune, il nous faudra encore plus d'une année, notamment pour rationaliser les moyens et pour que les services support soient le plus efficaces possible. Les marges de manoeuvre financières dégagées seront principalement réinvesties dans les programmes et dans la mise en place des nouvelles technologies du numérique.
Je profite de cette période budgétaire pour rappeler qu'en 2012 et 2013 nous aurons besoin de disposer des moyens financiers permettant d'investir dans ces technologies et de régler toutes les questions liées à la mise en oeuvre des services communs et des outils communs.