Intervention de Rémy Pflimlin

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 novembre 2011 : 1ère réunion
Contrat d'objectifs et de moyens 2009-2012 — Audition de M. Rémy Pflimlin président directeur général de france télévisions

Rémy Pflimlin, président-directeur général de France Télévisions :

Monsieur le rapporteur, peut-être vais-je commencer par votre dernière question en vous indiquant que ma vision de la mission de France Télévisions peut se résumer en quelques mots. Il s'agit de faire en sorte que l'entreprise touche le maximum de nos concitoyens grâce, d'une part, à une offre d'information de référence, la plus large possible, indépendante, approfondie, et d'autre part, grâce à la création, qui est un élément clef du projet de l'entreprise.

Pour ce faire, nous devons proposer une offre concurrentielle très large et suffisamment différenciées pour nous permettre de toucher tous les publics. Les goûts diffèrent en fonction des âges et des appartenances socioculturelles. Or notre mission de service public consiste à s'adresser à tous et non à cibler un public, comme le font les chaînes privées commerciales, dont l'objectif est l'optimisation de la publicité. Pour ce faire, nous nous devons de proposer l'offre la plus diversifiée. Cette diversification suppose que chacune des chaînes, qui sont autant de marques, soit suffisamment différenciée aux yeux du public. Cette exigence sera d'ailleurs encore plus forte dans l'univers de la télévision connectée où l'offre est infinie.

Pour répondre à cet enjeu stratégique, nous avons défini des identités de chaîne sur la base desquelles des équipes de programmes, dédiées à chacune de ces chaînes, opèrent des choix de programmation. Ainsi, l'identité de France 2 est-elle celle d'une grande chaîne publique, fédératrice au sein de la famille, et en prise avec l'actualité au sens large.

France 3, quant à elle, est la chaîne de la proximité qui s'enracine dans les histoires, les langues et les cultures régionales.

France 4 est une chaîne qui vise principalement les jeunes de 20 à 30 ans, dont on sait que leur mode de consommation des médias diffère de celui de leurs aînés. J'observe d'ailleurs que l'ARD, la BBC ou la RAI proposent aussi ce type de chaîne spécifique.

Quant à France 5, c'est la chaîne des savoirs et de l'analyse de choses en profondeur.

Enfin, France Ô vise, au travers des cultures ultra-marines, à permettre une ouverture au monde dans une perspective d'une mixité de cultures dans leur infinie diversité.

Notre offre consiste donc en ces cinq chaînes clairement identifiées, susceptibles d'être offertes sur tous les supports, ce qui suppose notamment une stratégie de conquête des nouveaux écrans, et le développement de la télévision de rattrapage au travers du service Pluzz qui rencontre un véritable succès. Ce service a donné lieu à la consultation de 23 millions de vidéos en septembre 2011, contre 3 millions pour le même mois de 2010. Nous espérons que ce chiffre sera de 40 à 50 millions l'an prochain.

S'agissant de votre question sur l'information, il est vrai que l'on observe une certaine dégradation de la confiance de nos concitoyens vis-à-vis de la télévision et des journalistes. C'est effectivement un sujet de préoccupation, même si je constate que France Télévisions est moins affectée par ce phénomène que ses concurrentes. Nous tendons même à représenter une sorte de référence en matière d'information télévisée. J'en veux pour preuve que l'audience du programme que nous avons diffusé à l'occasion de la commémoration du 11 novembre a été le double de celle de TF1, ce qui n'était pas le cas il y a encore deux ans.

Plus globalement, votre question renvoie à celle de la perception du fonctionnement des médias par nos concitoyens, qui fait apparaître que ces derniers perçoivent de plus en plus les médias comme liés aux classes dominantes, et donc comme partie prenante des événements qu'il leur revient de présenter.

Pour relever ce défi de la confiance, il me semble que nous avons des choses à faire, dans le sens notamment de la qualité, mais aussi de la hiérarchisation des informations, ce à quoi nous nous employons.

Concernant les programmes culturels, il me semble que le nombre minimum de deux programmes par jour correspond aujourd'hui à la bonne façon d'aborder les choses.

Quant aux audiences, je puis vous indiquer qu'en journée, celles-ci sont stables par rapport à 2010. En revanche, les choses sont plus difficiles en soirée, notamment du fait de l'introduction de trop nombreuses nouveautés en septembre qui ont pu déstabiliser un public âgé. Celui-ci a en revanche pu retrouver des repères dans la diffusion de vieilles séries par les chaînes de la TNT.

Face à ces nouveaux acteurs, la création et l'innovation, qui font partie de nos missions essentielles, ne sont évidemment pas sans risque.

Je précise toutefois que l'audience de France 4 et de France 5 progresse, et que France 2 a recueilli 14 % de part d'audience en octobre contre 13,5 % en septembre, et que nous prévoyons une audience de 14,5 % ou de 14,6% en novembre, nous inscrivant ainsi dans la perspective d'un retour à 15 %.

Le calcul de l'audience des programmes régionaux de France 3 pose un réel problème. Si l'audience entre 17 et 23 heures se situe aux alentours de 15 %, celle de la journée connaît des variations considérables dès que des décrochages régionaux interviennent. Dans les grands centres urbains comme Paris, Lyon, Lille ou Marseille, qui pèsent énormément sur les chiffres globaux, l'audience est très faible. Dans les bassins plus ruraux, en revanche, la chaîne enregistre de très bon taux d'audience, mais qui ont peu d'incidence au niveau national. Il faudrait donc une appréciation plus fine de l'audience selon le lieu et la nature des programmes diffusés. Toute la difficulté, mais aussi tout l'intérêt, de notre travail est de proposer des programmes différents et ambitieux même s'ils sont moins fédérateurs. Nous sommes parfois déçus par l'audience, mais nous devons continuer, même si les journalistes analysent nos performances au regard de critères utilisés pour les chaînes privées. Lorsque nous proposons des magazines culturels, des documentaires ou de la fiction française, nous parvenons à 10 % d'audience alors qu'une série américaine atteint couramment 30 %.

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