Je suis très heureux d'être devant la Haute assemblée. Je veux tout d'abord rétablir une vérité : l'État ne se désengage pas en matière sportive. La baisse du programme 124 s'explique par un transfert de masse salariale vers le programme 219. Le budget consolidé du sport, qui est soumis au vote de votre assemblée, est stable. Il s'élève à 860 millions d'euros.
Nous participons, comme tous les autres ministères, à l'effort d'économie demandé par le Premier ministre. Cela représente un effort de 7 millions d'euros pour le ministère des sports. Ces 7 millions proviennent d'un plafonnement du prélèvement sur les paris sportifs affecté au Centre national pour le développement du sport (CNDS) et d'une diminution des crédits du programme 219. Mais cet effort ne remet pas en cause la politique sportive du Gouvernement.
Enfin, il ne faut pas oublier les efforts qui ont été faits par le passé : le budget du CNDS a augmenté de 58 % entre 2006 et 2012, et le budget consolidé des sports de 56 % entre 2002 et 2012.
Mesdames et messieurs les Sénateurs, je n'ai donc pas peur de le dire : je suis fier d'avoir un ministère plein et de vrais moyens pour agir.
Nous avons toutes les cartes en main pour avoir une politique ambitieuse en matière de sport. Je peux vous assurer que le Président de la République tient à ce que nous ayons une politique sportive ambitieuse.
Pour les prochains mois, j'ai défini trois priorités d'action :
- le développement de la pratique sportive ;
- la valorisation du bénévolat ;
- la définition d'une stratégie d'influence internationale.
Concernant le développement de la pratique, je souligne tout d'abord que le soutien aux fédérations sportives reste un de nos principaux postes de dépense.
Outre ces moyens financiers, nous disposons d'une expertise forte au sein des services de l'État. Je veux notamment que le CNDS devienne un levier plus efficace d'adaptation de l'offre d'accueil des pratiquants à la diversité des besoins de la population.
Les clubs doivent aller chercher de nouveaux publics. Il faut mettre l'accent sur la pratique des adolescents, parce que c'est un âge auquel on constate un décrochage.
Je veux aussi travailler sur la pratique des salariés. Aujourd'hui, nous avons des rythmes de vie très intenses, avec beaucoup de stress, très peu d'activité physique et très peu de soupapes de décompression. Je vous le demande, à quel moment dans la journée avez-vous le temps de penser à vous ? Le sport est cette soupape de décompression dont nous avons besoin. Je vais donc lancer une vraie collaboration avec le monde de l'entreprise pour qu'on mette en place les mécanismes nécessaires à une plus grande pratique des salariés.
L'autre levier évident pour développer la pratique sportive, ce sont les équipements sportifs de proximité. Là aussi, l'État doit faire valoir son expertise.
Nous devons corriger les déséquilibres territoriaux en matière d'équipements sportifs. Nos services vont donc produire un schéma de cohérence territoriale qui permettra d'identifier les territoires sur lesquels nous devons agir en priorité.
Le but est d'avoir des critères plus objectifs pour attribuer nos subventions. Cela participe aussi d'une bonne gestion des deniers publics.
Par ailleurs, une cellule de conseils sera rapidement mise en place afin d'aiguiller les collectivités territoriales dans la construction d'équipements sportifs. Je connais trop d'élus qui ont lancé des projets d'équipements sans avoir pensé à leur utilisation ni au coût de construction et de fonctionnement. Les projets d'équipements doivent répondre à l'intérêt général et au meilleur coût.
Ma seconde priorité, comme je le disais, concerne la valorisation du bénévolat.
Le sport est le premier secteur d'engagement bénévole de notre pays.
La pratique de nos concitoyens repose entièrement sur les 265 000 associations sportives et les 2,5 millions de bénévoles qui accueillent les sportifs amateurs.
Je veux qu'on valorise ces bénévoles et qu'on les accompagne mieux. C'est une priorité du Président de la République. Je vais donc lancer un appel à projet « 1 000 jeunes bénévoles, futurs dirigeants d'associations sportives » pour financer à hauteur d'un million d'euros la formation des futures générations de dirigeants.
Je veux aussi qu'on décharge les bénévoles des contraintes administratives. J'ai déjà demandé au CNDS de simplifier les demandes de subventions pour les plus petites associations. Nous allons également renforcer le rôle des centres de ressources et d'information des bénévoles (CRIB), qui les accompagnent notamment pour la gestion des personnelsý. Dernier point : je voudrais que les entreprises développent le mécénat de compétences, par exemple en matière de gestion ou de management.
Enfin, la France a aujourd'hui besoin de définir une stratégie d'influence internationale en matière sportive.
Le sport de haut niveau participe de cette influence et est, bien entendu, une priorité. Le budget 2012 attribue 45 millions d'euros à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP) et 52 millions d'euros pour les écoles nationales et les Centres régionaux de l'éducation populaire et du sport (CREPS).
Mais, le rayonnement du sport français ne se limite pas aux médailles. Nous devons avoir une influence internationale via une présence française dans les instances internationales du sport et en accueillant de grands événements sportifs.
Le rayonnement du sport français est l'opportunité d'ouvrir de nouveaux marchés à nos entreprises et donc de développer l'emploi. C'est l'opportunité de diffuser notre conception du sport, notre culture, nos valeurs et de défendre notre idéal universaliste. C'est un investissement pour l'avenir. Les pays émergents comme le Brésil ou la Chine l'ont bien compris.
Il faut donc que la France soit en capacité d'accueillir les plus grands événements sportifs. Cependant, une candidature doit se préparer très en amont et être accompagnée jusqu'au bout. Il faut une structure pérenne.
Je vais donc mettre en place un comité stratégique qui déterminera les candidatures à lancer et les fonctions internationales devant être ciblées par les Français. Ce comité stratégique s'appuiera sur une cellule technique qui réunira en un lieu unique l'ensemble des compétences du ministère en matière de grands événements.
Nous continuerons, par ailleurs, notre effort de rattrapage en matière de grands équipements ayant vocation à accueillir de grandes compétitions internationales.
Comme vous le savez, 168 millions d'euros seront consacrés à la préparation de l'Euro 2016. Je veillerai à ce que la part prélevée sur le budget du CNDS n'obère pas les moyens affectés au sport pour tous ainsi qu'au soutien aux équipements sportifs territoriaux.
Nous avons par ailleurs créé au sein du CNDS un comité des grands équipements sportifs qui délivrera un label aux projets de grandes infrastructures sportives selon des critères objectifs.
Vous le voyez, la stratégie d'influence internationale repose entièrement sur des réorganisations en interne. C'est un projet à zéro euro. La France dispose de tous les atouts pour être une des plus grandes nations sportives. La seule chose qui lui manque, c'est une bonne structuration et une vision de long terme.
Enfin, dernier point : la lutte contre le dopage et la corruption sportive. En 2012, nous maintenons le financement de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) à 7,8 millions d'euros. Je serai extrêmement ferme sur ces deux sujets. Je suis pour de la rigueur et des sanctions. Je souhaite - et j'ai besoin de vous pour cela - créer un délit pénal à la fois contre le dopage et la corruption liée aux paris en ligne. Pour le dopage, et c'est un ancien athlète qui vous parle, en France nous n'avons jamais eu le courage de rendre responsables pénalement les athlètes qui trichent. L'Italie l'a fait, c'est l'une des recommandations du Comité international olympique (CIO), et c'est mon avis personnel. Le sujet du dopage est majeur : au-delà de broyer la santé de jeunes athlètes, cela crée une contagion des amateurs qui prennent exemple sur ces athlètes. Les athlètes qui trichent volent la vie d'un autre. Prenons l'exemple de Christine Arron : elle a été volée toute sa carrière. Ces tricheurs, ces voleurs, on doit les condamner. Aujourd'hui on condamne les filières, les trafiquants, mais jamais les acteurs. J'ai le même raisonnement sur la corruption du résultat des matchs liée aux paris en ligne. Cette attitude fausse le sport. On a besoin que la France montre l'exemple à l'international. J'ai eu une discussion avec le président de l'Agence mondiale antidopage, et il était d'accord sur ces deux sujets. J'espère que le CIO va lui emboîter le pas, pour que tous les pays se dotent des instruments juridiques nécessaires.
Voilà ce que je voulais vous dire en introduction.
Mesdames et messieurs les Sénateurs, je me tiens à votre disposition pour répondre à vos interrogations.