Nous ne partageons pas cette vision pleine d'optimisme de votre budget. Le seul objectif semble financier. Il y a pourtant autour de l'école d'autres enjeux que la réduction du déficit de l'État. D'après une étude publiée hier, l'écart entre les revenus les plus hauts et les plus bas se resserre, ce qui est une bonne nouvelle. En revanche, la proportion d'élèves en très grande difficulté scolaire, en particulier dans les zones d'éducation prioritaire, accuse une progression très nette. J'y vois la preuve que les résultats ne sont pas au rendez-vous de vos innovations. Dans ces circonstances exceptionnelles, ne faut-il pas soustraire l'éducation nationale à la Révision générale des politiques publiques (RGPP), comme on l'a fait pour l'enseignement supérieur ? L'enseignement du premier degré, largement sous-doté, ne doit-il pas bénéficier d'une attention particulière, voire d'un plan de rattrapage ? Il y a urgence !
Concernant les suppressions de postes, le nombre de 14 000 représente une forte hausse par rapport aux emplois effectivement supprimés hors surnombres l'an dernier. Comment comptez-vous en détruire 5 700 dans le primaire tout en respectant l'engagement du Président de la République et selon quels critères ? Tant la Cour des comptes que les enquêtes PISA (Programme international pour le suivi des acquis) ont pointé le déficit qu'accuse l'école primaire. Or c'est elle qui constitue la première étape de l'installation de l'élève dans la réussite... ou dans l'échec.
L'enseignement privé contribuerait à l'effort, mais dans le respect de ses spécificités. Qu'est-ce à dire ? Je me méfie des chiffres : il ne faudrait pas en conclure que la formation d'un élève dans le privé coûte moins cher que dans le public. Lors des auditions, j'ai appris que les médecins scolaires, qui interviennent parfois dans l'enseignement privé, n'émargent pas sur son budget...
Les innovations telles que les internats d'excellence ou le programme Eclair, nous l'avons dit et répété, ne sauraient avoir valeur d'exemple. De fait, elles concernent un nombre très limité d'élèves mais tous les moyens nécessaires y sont mis pour créer des conditions très favorables. Vous vous félicitez de l'aménagement du temps scolaire avec cours le matin et sport l'après-midi. Pourtant, il est contraire à toutes les études des chronobiologistes. D'après eux, l'attention des élèves serait soutenue entre 9h et 11h du matin, puis l'après-midi à partir de 15h.
Enfin, quel sort réservez-vous aux emplois de vie scolaire (EVS) ? Nombre d'entre eux n'auraient pas retrouvé leur affectation auprès des directeurs, peut-être en raison d'un basculement des postes au profit des auxiliaires de vie scolaire (AVS). Pourtant, les EVS ont rempli tout leur rôle. Envisagez-vous de revenir sur la suppression de certains EVS ?
Où est l'ambition éducative et pédagogique dans ce budget pour mettre les élèves, en particulier ceux qui sont le plus en difficulté, sur le chemin de la réussite ?