Monsieur Magner, les RASED ne sont pas supprimés ; ils remplissent une fonction auprès des élèves en difficulté, mais ne sont pas l'unique réponse. Notre système éducatif a du mal à repérer dès le plus jeune âge les élèves qui risquent de rencontrer des difficultés, d'où ma décision de renforcer les moyens de l'école maternelle, d'en faire l'école du langage, de l'acquisition des reflexes, du travail sur la mémoire, le lieu qui prépare l'entrée au cours préparatoire, car les inégalités sont grandes selon que l'enfant a été stimulé ou non dans son environnement familial. La réponse passe aussi par les deux heures hebdomadaires d'aide spécialisée, ou par les stages de remise à niveau avant l'été, qui bénéficient cette année à 245 000 élèves.
Il ne faut pas regretter la mastérisation de la formation des enseignants. Tous les grands pays recrutent leurs enseignants au niveau master ! Les critiques portaient sur une année de transition ; les choses vont s'améliorer. L'équilibre entre formation disciplinaire et pédagogique est respecté, avec 108 heures d'observation en M1 et 108 heures de mise en responsabilité en M2. Les stagiaires bénéficient désormais d'un accueil personnalisé ; un tiers de leur temps est consacré à la formation, aux stages. Nous avons développé de nouveaux modules de formation, notamment pour les professeurs des écoles. Enfin, les masters en alternance bénéficient notamment aux étudiants issus de milieux modestes, qui peuvent ainsi poursuivre des études longues tout en travaillant et en se formant sur le terrain.
Dire que le métier d'enseignant a perdu en attractivité relève de la désinformation, car on se fonde sur une année de transition, durant laquelle il y a eu moins de concours. Une même promotion a pu passer deux fois le même concours ! Il y a en outre deux fois moins d'étudiants au niveau master qu'au niveau licence : nous recrutons donc sur une base plus réduite, car la sélection a déjà été opérée. En 2011, le nombre de candidats au concours de professeur des écoles était stable, à 41 000 ; ils étaient 70 000 à être inscrits pour passer le capes, contre 63 000 en 2010. Il est vrai que l'on manque de candidats dans certaines disciplines, à commencer par les mathématiques - mais depuis quinze ans ! Ce n'est pas lié à la mastérisation. Pour y remédier, j'ai mis en place le plan Science il y a six mois.
Il n'est pas question bien entendu de renoncer à l'enseignement agricole public, auquel nous sommes très attachés. Un enseignement privé de qualité cohabite avec le public.
J'ai répondu à M. Carle sur la mastérisation ; nous avons repris nombre de ses propositions.
Mme Blondin a évoqué le statut des enseignants, qui date en effet de 1950. A l'époque, on portait 10 % d'une génération au bac, l'enseignant faisait cours, depuis son estrade, à une classe homogène. Avec la massification, les missions de l'école ont évolué, le métier d'enseignant a été bouleversé. Dans le second degré, il faut instruire, mais aussi repérer, dans une classe hétérogène, ceux qu'il faut porter vers l'excellence, et ceux qui risquent de décrocher, mettre en place des pédagogies différenciées, travailler en équipe, recevoir les parents... Je me réjouis que la gauche aborde la question. La majorité gouvernementale a fait des propositions, et nous aurons ce débat devant les Français au printemps. Là non plus, le Gouvernement ne va pas sortir un projet de réforme tout fait entre Noël et le jour de l'an !
Les établissements de réinsertion scolaire, madame Lepage, accueillent des élèves très perturbateurs. C'est une réponse intermédiaire entre les classes relais, qui accueillent les élèves pendant quelques semaines seulement, et les centres éducatifs fermés, destinés aux jeunes condamnés pour des faits de violence grave. Ces établissements sont gérés en partenariat avec la Protection judiciaire de la jeunesse. Le taux d'encadrement y est presque d'un adulte pour un élève ; on y privilégie l'accompagnement individuel et le sport. L'an dernier, les onze établissements de réinsertion scolaire ont accueilli 152 élèves, dont 141 ont été réinsérés en collège, lycée ou Centre de formation d'apprentis (CFA). Six nouveaux établissements ont été ouverts à la rentrée, et trois autres le seront avant la fin de l'année, pour accueillir 200 élèves. Il suffit parfois d'un ou deux perturbateurs pour pourrir la vie d'un établissement entier ; nous leur apportons une réponse éducative.
Cette année, nous accueillons 213 000 enfants handicapés en milieu ordinaire, soit 60 % de plus qu'au moment du vote de la loi de 2005. Le budget dédié augmente de 30 %, après une hausse de 13 % en 2011. Cette progression a été rendue possible par l'ouverture de classes spécialisées, par le recrutement d'enseignements supplémentaires, par l'embauche d'AVS et d'EVS. Ces derniers relèvent malheureusement trop souvent de contrats aidés, précaires, alors que le suivi des élèves exige une certaine continuité. Nous avons donc signé une convention de partenariat avec les associations de parents d'élèves handicapés, qui pourront reprendre les contrats arrivés à terme. Le Président de la République a en outre décidé le recrutement de 2 000 assistants de scolarisation, sur des contrats non précaires ; le budget 2012 prévoit 2 300 postes supplémentaires, et dégage 3,8 millions pour leur formation.
Madame Mélot, la réforme du lycée vise à répondre à l'objectif de Lisbonne de porter 50 % d'une classe d'âge au niveau bac + 3. Aujourd'hui, un étudiant sur deux échoue en première année. Il faut améliorer l'accompagnement des élèves. Je me souviens de mon premier jour à l'université : il y a un gouffre entre une classe de lycée et un amphithéâtre de mille étudiants ! Si l'on n'a pas acquis des méthodes de prise de notes, de travail personnel, c'est l'échec. L'orientation doit également être plus progressive et autoriser les changements de trajectoire.
La France compte aujourd'hui 35 000 enseignants de plus qu'en 1990, et 500 000 élèves de moins : le taux d'encadrement a augmenté, monsieur Domeizel. Le taux d'absentéisme est de 4 % chez les enseignants, et de 4,85 % dans le reste de la population active : les caricatures n'ont pas lieu d'être. Le taux de remplacement s'améliore. Dans le premier degré, il était de 92 % en 2010, en hausse de 1,7 point ; dans le second degré, il est de 96 % pour les remplacements de plus de quinze jours. Le taux de mobilisation des titulaires sur zone de remplacement était de 87,77 % en 2011, contre 85,9 % en 2010. Cette progression découle de l'assouplissement du système, qui permet de faire appel à des remplaçants d'une autre académie, ainsi qu'à des contractuels.