Intervention de Jean Pisani-Ferry

Mission commune d'information sur la notion de centre de décision économique et les conséquences qui s'attachent, dans ce domaine à l'attractivité du territoire national — Réunion du 18 octobre 2006 : 1ère réunion
Audition de M. Jean Pisani-ferry directeur et m nicolas véron de bruegel

Jean Pisani-Ferry :

s'est tout d'abord déclaré très heureux d'avoir, pour la première fois, l'occasion d'intervenir devant une mission d'information du Parlement français sous la bannière de Bruegel.

S'agissant de la question de la nationalité des entreprises, il a insisté sur le fait que cette question était débattue depuis longtemps dans de nombreux pays, citant notamment deux articles à l'appui de son propos :

- d'une part, un article titré « Who Is Us ? » (1990) de M. Robert Reich, universitaire puis secrétaire américain au travail, montrait que les intérêts des Etats-Unis pouvaient diverger de ceux des grandes entreprises américaines ;

- d'autre part, un article en date de mai 2006 de Samuel Palmisano, président-directeur général d'un grand groupe informatique américain, tendant à prouver qu'au fur et à mesure de leur internationalisation, les entreprises possédaient de moins en moins de nationalité propre.

Indiquant qu'il avait recherché, pour sa part, à partir d'éléments empiriques, les principaux facteurs de différentiation des entreprises étrangères par rapport aux entreprises nationales, M. Jean Pisani-Ferry a constaté que, sur un territoire donné, les entreprises étrangères dégageaient généralement une meilleure productivité, offraient de meilleurs salaires et avaient une plus grande intensité de recherche que les entreprises nationales. Cependant ces traits distinguent moins les entreprises nationales et les entreprises étrangères que les entreprises internationalisées (quelle que soit leur nationalité) et celles qui ne le sont pas. Il en a déduit que l'internationalisation des entreprises était porteuse d'efficacité, modérant toutefois son propos en admettant que les effets de taille et les effets sectoriels pouvaient constituer un biais.

Puis évoquant les sièges sociaux des entreprises, il a constaté que certaines activités leur étaient intrinsèquement liées, comme la direction générale, la direction financière, la direction des ressources humaines, ou la direction juridique, ajoutant que lesdites activités ne représentaient que peu d'emplois. En revanche, il a observé que d'autres fonctions, plus pourvoyeuses d'emplois, comme les achats ou la recherche et le développement, traditionnellement exercées au siège social, étaient de plus en plus souvent décentralisées, notamment dans les pays émergents.

a ensuite relevé que les déplacements de sièges sociaux étaient de plus en plus fréquents, qu'il s'agisse d'actions délibérées des entreprises ou, le plus souvent, la conséquence d'un rachat. A ce sujet, il a reconnu que, du fait du manque de données pertinentes et disponibles, il était presque impossible de mesurer de façon systématique les implications d'un tel déménagement, précisant que l'attitude de l'acquéreur dépendait de sa nature et de sa nationalité.

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