Intervention de Patrick Artus

Mission commune d'information sur la notion de centre de décision économique et les conséquences qui s'attachent, dans ce domaine à l'attractivité du territoire national — Réunion du 18 octobre 2006 : 1ère réunion
Audition de M. Patrick Artus directeur de la recherche et des études économiques et financières d'ixis corporate investment bank

Patrick Artus :

a tout d'abord indiqué que la France demeurait le pays industrialisé où l'écart économique entre grandes sociétés cotées et entreprises moyennes était le plus grand. Il a ainsi relevé qu'il n'existait pas de corrélation dans l'évolution des caractéristiques et des résultats financiers des sociétés composant l'indice CAC 40, d'une part, et de l'ensemble des sociétés tels que les retracent les statistiques de l'INSEE, d'autre part. Cette situation était notamment tributaire, selon lui, de la répartition géographique des chiffres d'affaires et des profits, 85 % des bénéfices des sociétés du CAC 40 ayant, par exemple, été réalisés à l'étranger en 2005.

Abordant la notion de centre de décision économique, il a rappelé que les définitions en étaient multiples et relevaient du critère juridique du siège social, du lieu de cotation, ou de la localisation des profits et des effectifs. Se fondant sur une étude remise aux membres de la mission d'information et sur les critères de localisation de l'emploi et des activités de recherche et développement, il a souligné que l'examen de la période récente ne permettait pas de conclure à des différences de comportement économique ou de décisions de gestion des entreprises selon la proportion de leur capital détenue par des investisseurs non-résidents. Cette absence d'impact de la nationalité des actionnaires se vérifiait aussi si l'on considérait la qualité de ces derniers, qu'ils fussent par exemple des compagnies d'assurance ou des fonds spéculatifs.

Cependant, M. Patrick Artus a fait part de sa conviction que le processus était lent et qu'on ne se trouvait qu'au début d'un phénomène massif et violent, lié à l'afflux futur de capitaux en provenance des pays émergents, qu'il estimait à 14.000 milliards de dollars au cours des dix prochaines années, dont 3.000 milliards de dollars pour la Chine. Ces capitaux pourraient être investis à hauteur de 4.000 à 6.000 milliards de dollars en actions, compte tenu de la déréglementation en cours dans ces pays, et plus particulièrement en Chine, concernant l'accès aux titres étrangers. On constatait ainsi une accélération récente des acquisitions d'entreprises occidentales par des sociétés asiatiques.

Il a également relevé que la nature même des investisseurs était en train d'évoluer. Ainsi la frontière entre les investisseurs en capital (« private equity ») et les fonds spéculatifs tendait à s'estomper, du fait de la prépondérance, de part et d'autre, des opérations de rachat avec effet de levier et des stratégies d'investissement dites « distressed » et « event driven », consistant en des positions à court terme sur les titres obligataires ou de capital de sociétés en situation compromise. Il a ajouté que les prochains flux de capitaux des pays émergents seraient avant tout le fait de fonds publics ou para-publics, ou de l'utilisation de réserves monétaires, dont la banque centrale chinoise, par exemple, disposait en abondance.

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